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Billet de blog 23 janvier 2011

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Bréviaire du chercheur: votre cerveau peut-il travailler en équipe ? (1)

Du bon travail de recherche ne peut plus se faire qu’en équipe. C’est un décret gouvernemental. Pourtant, on est bien forcé de constater qu’aucune promotion n’est accordée à une équipe entière, qu’aucune récompense, aucun prix

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Du bon travail de recherche ne peut plus se faire qu’en équipe. C’est un décret gouvernemental. Pourtant, on est bien forcé de constater qu’aucune promotion n’est accordée à une équipe entière, qu’aucune récompense, aucun prix (Nobel, or, argent, bronze ou cristal CNRS, hochets de l’Académie des Sciences, récompenses des manufacturiers du tabac, etc) ne leur est décerné, et donc il semble y avoir une faille dans cette histoire. A moins que le Ministère de la Recherche ne sous-entende qu’il vous faille diriger un groupe ou une équipe si vous espérez prétendre avoir fourni un bon travail de recherche, sous-entendu encore, présentez le travail de Votre équipe ou de Votre groupe comme étant tout naturellement sorti uniquement de Votre esprit, puisque cette équipe n’a qu’un seul esprit, celui de son chef. Serait-ce vraiment la seule façon de travailler, en équipe, sous la direction d’une hiérarchie officiellement déclarée dans les organigrammes des laboratoires ? A une époque révolue, quand ce n’était pas encore vrai, le laboratoire avait bien un directeur et un nom, ce nom à lui seul suffisait à donner la thématique de recherche, et tous les chercheurs du labo travaillaient dans cette thématique. Dans de petits laboratoires de 5 à 10 personnes, dans les années 1970-80, il n’y avait souvent qu’un seul professeur, tous les autres chercheurs étaient Maître-Assistants ou Chargés de Recherche CNRS. Et puis, au fil des promotions et des recrutements, les labos se sont agrandis, les personalités et les ambitions des uns et des autres se sont affirmées. Il s’est trouvé que certains formulaires proposés par le ministère pour mieux cataloguer les laboratoires sont tombés à pic. En effet, il est apparu des rubriques à renseigner telles que « équipes et leurs thèmatiques de recherche », et « responsables des équipes ». Les petits labos se sont alors transformés en terrains de lutte pour le pouvoir : comment découper le labo en tranches et qui allait pouvoir se déclarer chef des équipes nouvellement formées. Au début, l’ambiance restait éventuellement assez bon enfant, l’option de co-responsabilité était choisie : tous les chercheurs s’inscrivant dans un thème se déclaraient d’un commun accord co-responsables du thème. Mais les formulaires du Ministère se sont fait plus pressants, il ne semblait plus possible de s’y ranger de façon égalitaire, le formulaire souhaitait réduire le nombre des thèmes de recherche, et aussi, il ne pouvait y avoir qu’un seul responsable par thème (effet Highlander). Etait-ce vraiment une exigence venant d’en haut, ou bien les directeurs de laboratoire ont-il imaginé que c’était cela qui était voulu ? Toujours est-il que la pression a monté, les réunions de labo se sont faites beaucoup moins décontractées, des thèmes ont été dissous par la contrainte et les chercheurs qui y travaillaient se sont vus devoir choisir entre deux options : cesser d’exister officiellement (on a pensé qu’ils n’oseraient pas…) tout en continuant de percevoir un salaire, ou bien déclarer travailler dorénavant sous la direction des chefs d’équipe survivants…

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