Vous publiez aux éditions Spiritualités un nouvel ouvrage « Femme de Lumière « . Un titre inspiré ou initié si on peut dire. Pourquoi cet ouvrage ? Très personnel, plein de savoir, de connaissance et de vie ?
Mes ouvrages sont en correspondance avec ma vie. J’ai commencé par éditer des poèmes, ensuite le tarot est entré dans ma vie, je l’ai appréhendé, compris, je l’étudie toujours .Très vite j’ai senti qu’il fallait transmettre, donner à autrui . Les ouvrages que je découvrais sur le tarot étaient tous très compliqués, presque rebutants, j’ai redonné l’esprit du tarot, clarifié sa symbolique, certains dirons que je l’ai vulgarisé . Je ne renie pas ce terme. La bonne vulgarisation donne envie d’aller plus loin, et je suis allée plus loin dans un ouvrage comme la maîtrise du Tarot aux éditions du Rocher. Ensuite, j’ai écrit de nombreux ouvrages sur la Franc Maçonnerie, toujours dans le même esprit de transmettre et de donner à comprendre , à travailler sur soi, à devenir qui l’on est. Vivre dans un monde plus juste et plus fraternel, cela se travaille, cela se décide. Femme de Lumière est venue comme une suite logique, c’est une rêverie éveillée sur la femme que je suis, son parcours, sa quête de sens.
Comment est née l’idée de cet itinéraire d’une femme moderne passant des Tuileries à l’Egypte et défiant la vie en renaissant par une voix intérieure qu’elle va faire incarner et qu’elle va suivre ?
J’ai une très grande sensibilité, je vois et je sens. C’est ainsi, cela s’est développé en moi avec les années, je n’ai pas cherché à y mettre un frein. Au contraire, j’ai accepté cela comme un cadeau. Cette voix intérieure, je l’entends très souvent, elle est, en quelque sorte, ma meilleure amie, la Sagesses ancienne qui est en chacun de nous . La mettre en scène , la rendre vivante dans un roman n’a pas été très difficile. Cet ouvrage est aussi l’itinéraire de certaines femme d’aujourd’hui qui ont une vie active, dans le monde, dans la société , associée à un parcours spirituel. Ma vie fait résonnance avec la spiritualité et inversement.
L’expérience de cette rencontre avec une vieille femme Maopi, n’est-elle pas la rencontre avec soi ?
Si bien sûr, Maopi c’est la Grande Ame du Monde, la Vieille femme qui est en moi, Celle qui Sait. Je suis persuadée que nous savons à peu près tout de nous, du cosmos, de l’univers. Nous n’écoutons pas, nous ne nous écoutons pas. Je dis toujours aux personnes qui viennent me consulter « asseyez vous au calme, là où vous voulez, posez-vous, détendez-vous, et écoutez ce qui se passe. Si vous avez une question, j’entends par là une vraie question, posez-la . Descendez à l’intérieur de vous-même ». La réponse vient très vite à condition de ne mettre aucun interdit, aucune culpabilité, aucune impossibilité .
On voit une tranche de vie, un roman fort et autobiographique…mais vous allez plus loin en donnant le titre de « roman initiatique » ? Pourquoi ?
Toute vie est une initiation, une préparation à la mort, c’est Montaigne qui disait que Philosopher c’est apprendre à mourir, je dirai que Vivre c’est apprendre à mourir. Chaque chose, chaque événement de notre existence nous ramène aux choix essentiels que nous faisons pour avancer, pour aller vers la sérénité, vers notre accomplissement. La vie nous a été donnée pour que nous y trouvions une Joie d’être et d’exister, pour que nous puissions travailler à notre propre amélioration et à celle des autres. C’est un projet ambitieux, il s’agit de faire des choix, parfois des coupe franches, de quitter, de laisser, de trouver d’autres pistes et surtout de les suivre. Ce que nous demande l’initiation, c’est un changement radical, une conversion du regard, une conversion de notre être tout entier et par là même de notre existence. Mettre ses idées, ses ressentis profonds en action, demande effort, travail sur soi. L’initiation c’est une mise en acte , ce n’est pas virtuel, c’est réel, ce n’est pas qu’intellectuel et symbolique, c’est concret.
Parmi les nombreux ouvrages, « Femme de lumière « se détache totalement, n’est-il pas une proposition pour toutes ? Une marche de vie ? Une initiation à la vie pour l’autre en passant par l’acceptation des coups de la vie ?
Femme de Lumière est un roman qui retrace mon itinéraire personnel, bien que revisité. C’est effectivement une marche de vie, le fait que tous , à un moment donné de notre vie, nous nous disons, « il faut choisir, ou je reste ainsi sans bouger, sans vivre réellement, sans faire ce à quoi j’aspire ou je décide de mettre tout en œuvre pour réaliser ce qui, à l’intérieur de moi, m’appelle. Quant aux coups de la vie, il y en a beaucoup, les deuils, séparations, maladies, chômages etc…j’en ai eu comme tout le monde, un cancer en particulier, dont je parle en toute liberté pour donner de l’espoir aux autres, les aider. A ce moment de ma vie, j’ai donné beaucoup aux autres, j’ai réellement intégré que donner aux autres me donne, m’enrichit, m’apporte. J’ai eu du mal à accepter ce cancer, moi qui n’avais jamais été malade, puis je l’ai accepté, je l’ai accueilli , j’essayais d’accompagner chaque chimio. Aujourd’hui, je suis en rémission, j’accepte, je vois cela comme une intensité particulière donnée à ma vie. Nous ne sommes que de passage, je l’avais oublié un moment, on s’est chargé de me le rappeler. L’impermanence est notre lot .
Dans votre livre, il n’y a plus forcément une dimension du temps, l’Egypte est presque incarnée car présente, on y touche à la spiritualité la plus profonde et in fine, tout ne commence-t-il pas en Egypte… à la fois dans le roman et dans les spiritualités modernes ?
Je n’irai pas jusque là , on oublie trop souvent Sumer, l’épopée de Gilgamesh, les tablettes sumériennes, leurs lois, etc… Cependant l’Egypte reste le berceau d’une grande spiritualité, un espace qui me parle particulièrement. Un de mes premiers grands voyages fut l’Egypte, j’ai vraiment eu le sentiment de revenir chez moi. Isis, est le Principe Féminin par excellence, c’est elle qui redonne la vie, fait renaître. Son image s’est ensuite transformée dans de nombreux cultes, son épithète latine « Stella Maris « , l’étoile de la mer, est bien présent dans notre monde méditerranéen, Marie Madeleine, Marie sont les belles représentations de ce qu’est Isis, l’Amour absolu, total, inconditionnel.
La Route de devenir soi-même est-elle ou passe-t-elle par une reconnaissance de soi et une prise de conscience spirituelle ? N’est-elle pas un des fondements de ce roman initiatique , permettant de retrouver les sensations premières ?
Deviens qui tu es ! est une des moments clés de toute initiation. Comprendre que nous sommes partie intégrante de l’univers, du cosmos, que nous sommes unique, tous, et que chacun d’entre nous est ci pour apprendre, travailler, devenir ce qu’il est en profondeur. C’est un très long cheminement, parfois pénible, douloureux, mais toujours riche, exaltant, il y a toujours la Lumière au bout du tunnel, le tunnel pouvant prendre des formes très variables. L’important est de continuer à marcher, à avancer, à vivre, à être, à transmettre un peu de ce que nous avons appris.
Au travers de ce retour aux sources, n’y –a-t-il pas aujourd’hui selon vous une marche initiatique qui est faite par la société avec un rêve récurrent chez chacun de revenir vers la terre, la campagne et in fine les sensations premières ?
Nous allons vers un changement radical de société, nous sommes entrain de comprendre que la surconsommation, le profit excessif, la déshumanisation, ont fait leur temps. C’est Pierre Rabhi qui parle de « sobriété heureuse « je le suis dans cette voie . L’homme est peut être entrain de comprendre que la finalité n’est pas dans le trop plein, le beaucoup, simplement dans le juste. Quant aux sensations premières, nous en avons tous besoin, je vis en pleine campagne par choix, j’ai besoin de sentir le rythme des saisons, le vent, la pluie, être dans mon jardin, voir pousser les plantes , marcher en pleine nature. Est ce une démarche initiatique ? C’est en tout cas une démarche de retour vers l’humain, le lien à l’univers et à la Nature.