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Billet de blog 19 mars 2012

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Quand on censure Edith Piaf et "l'Hymne à l'amour"

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La môme Piaf fait parler d’elle. Tout d'abord en bien. Cette semaine, le film à succès retraçant sa vie passe sur les écrans et devrait rassembler la France dans un seul et même souffle autour de ce destin de femme, celui d’une héroïne nationale. C’est la Piaf qu’on aime, qu’on découvre, qu’on écoute, qu’on savoure.

Elle est plus encore. Elle est un esprit. Elle est Montmartre, elle est Paris, elle est même la France pour les étrangers qui chantonnent « la vie en rose », sinon Milord… voire l’Homme de Berlin pour ceux qui connaissent mieux le répertoire. Il n’y a pas un jour sans qu’on entende une de ses œuvres. Dans le métro, dans la rue… si on pousse vers le Sacré Cœur, elle est à nouveau partout. Elle s’enflamme dans les chants des « titis » parisiens venus pour les touristes et l’amour d’un répertoire. Elle est les années 50. Elle est tout cela avec son quartier qui surplombe Paris. Piaf c’est tout simple. C’est un requiem pour l’humain, c’est un cantique à l’amour. C’est une sorte de flux de bonheur alors que la môme a vécu tragédie, sacrifice et évidemment gloire…

Aujourd’hui, une affaire fait sensation. L’inquiétude ne vient pas de cet « esprit Montmartre » qu’elle incarne… c’est plus grave. Il s’agit d’un petit évènement qui n’aurait jamais du être. Au Canada, un professeur est allé trop loin. Il a commis une sorte de blasphème. Une erreur fatale. Une sorte d’insulte. On revient donc à « l’hymne à l’amour ».  Une phrase toute simple. Un romantisme assumé et magnifique : « Dieu réunit ceux qui s'aiment »… Ce professeur va supprimer cette ligne pour la simple raison que cela évoque « Dieu ». Il gomme simplement ce Dieu qui dérange souvent dans les écoles. La Laïcité pourtant en France ou ailleurs même au Canada n’aurait pas vu grand intérêt à supprimer cette phrase. Et pourtant, ce prof a lui tout seul est allé réécrire du Piaf.

L’émotion est grande. On est donc prêt à sortir dans une chanson d’amour une simple évocation plutôt païenne de Dieu. L’information est allée partout dans le monde et on sent une forme d’amertume pour le sacrilège d’une prière des années 50 qui aura traversé des générations pour rester dans Montmartre un joyau de la culture française. Oui, il aura suffi d’un seul homme pour montrer combien on pouvait aller loin dans l’erreur lorsqu’on s’appuie sur une laïcité excessive. Édith Piaf ne risque pas grand-chose de cette idiotie, elle a encore de belles et longues années de succès pour rester en phase avec ce flux de bonheur qu’elle donne encore au travers de son répertoire. Mais, vraiment, cet incident nous remet face à notre exigence de défendre une laïcité posée, forte et intelligente. Ceci est crucial, car un répertoire aussi puissant ne peut pas subir ces excès. C’est un peu comme si on gommait la cigarette d’une photo de James Dean ou d’un cliché de Doisneau… ce serait tout aussi dommage.

En conclusion, Édith Piaf est bien aujourd’hui dans la modernité qui nous entoure. Elle semble avec son « esprit Montmartre » être au cœur même des sujets qui nous interpelle et rien qu’avec son hymne elle arrive encore à nous toucher sur le fond et la forme. Et ceci jusqu’à la notion de laïcité tellement essentielle aujourd’hui et demain…

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