Halte aux abus de stages étudiants
DestinataireMinistère du Travail, de l'Emploi et de la Santé DescriptionL’ère est à la polémique, aux coups médiatiques, à l’empoignade gratuite. Tel n’est pas mon but.Dans ce monde où la fracture sociale se fait doucement mais surement ressentir un peu plus chaque jour, l’impression grandissante d’être toujours du mauvais côté de la montagne m’apporte un inconfort quotidien qui, comme je ne suis pas la seule, pourrait un jour devenir un véritable vent de révolte, tout esprit de menace mis à part.
Aujourd’hui, depuis 2 semaines et pour 5 mois, je suis une Master 2 InfoCom stagiaire. Quelque soit mon amertume, elle n’est en rien liée à mon stage qui se passe bien, tant humainement que professionnellement, et qui, pour la première fois de ma scolarité, sera indemnisé. L’envie me brûle d’ajouter « encore heureux ! ».
En effet, depuis le 1er février 2008 les stages de plus de 3 mois doivent être rémunérés à 30% du SMIC (http://www.reussirmavie.net/Les-stages-longs-seront-remuneres-a-30-du-Smic_a306.html). Mais ce type d'avancées ne se font pas grâce à ceux qui disent "on n'a pas le choix", "c'est pire ailleurs". Avec de tels raisonnements, alors il n'est plus nécessaire de se battre pour quoique ce soit, on laisse les choses glisser dans une voie qui ne nous convient pas.
Non, un stage, n'est pas là pour vous apprendre le "métier en profondeur", comme j’ai pu le lire de la part de certains défenseurs du stage longue durée (http://forum.doctissimo.fr/psychologie/chomage-inactivite/stage-remunere-arnaque-sujet_142067_1.htm). Cela s'appelle l'expérience, m'est d'avis d'ailleurs que l’on n’en a jamais assez, puisque l'on peut apprendre chaque jour de nouvelles choses. Un débutant, qu'il démarre une carrière ou qu'il prenne un nouveau poste dans une entreprise, est un débutant. Il a peut-être une certaine naïveté, une certaine fraîcheur, mais il bénéficie également des dernières connaissances dans son domaine. Il sort d'un cycle d'études où, en général, on lui aura permis de partager avec des professionnels ou des experts, il aura pu assister à des conférences, profiter de l'émulation des savoirs qui s'épanouissent souvent au sein des promotions, et aura même, selon sa filière, été soumis à un rythme soutenu qui l'aura armé au rythme de la vie professionnelle.
Un stage n’est pas non plus une période d’essai. Le principe de la période d’essai existe, indépendamment de la notion de stage, et est encadré par une loi spécifique. Elle permet, entre autre, de profiter d’un salaire, d’ouvrir des droits de chômage, elle est comptabilisée dans le calcul de la retraite. Autre spécificité, il peut être rompu par les deux parties quand le stage étudiant compte dans la validation du diplôme pour lequel les étudiants ont donné beaucoup de leur temps et de leur courage, ce qui les met dans une position délicate quant à la possibilité de rompre cet engagement.
Un stage, c'est l'occasion, d'observer la vie d'une entreprise dans un domaine dans lequel on souhaite s'investir dans un futur proche. C'est aussi participer, aider, à la réalisation de certaines tâches. Un stagiaire ne doit jamais être seul. Il n'est pas professionnel, il n'est pas là pour endosser de responsabilités lourdes, il n'a pas toute la connaissance nécessaire de la vie et du contexte de l'entreprise. Un stage, c'est un baptême, une découverte.
Il semble qu'à force d'abus, on est oublié cette définition et cette mission première. Et l'on trouve même réjouissant de décrocher un stage payé au-dessus des minimas légaux. Ce n'est pas une raison pour se résigner, se taire ou accepter.
Un stagiaire n'est pas un petit être "flexible, peu onéreux et prêt à tout pour un CDD" (http://3.bp.blogspot.com/_kM7MYnMA9rk/TSuz4j7bVuI/AAAAAAAAIrg/IY8MLRcKjOc/s1600/stagiaire.jpg) comme on pourrait être tenté d'en plaisanter. C'est une personne, qui aspire à s'épanouir professionnellement, souvent plein de motivation, mais pas à n'importe quel prix (ou sous-pris).
Quelques questions pour conclure :
- Peut-on sincèrement parler de stage pour un contrat dépassant 3 mois ?
- Peut-on honnêtement considérer qu'une entreprise qui tourne avec un quota de stagiaires annuel bien supérieur à celui de ses salariés joue le jeu de l'emploi ?
- Peut-on en toute conscience rémunérer des bac +5 à 30% du SMIC ?Sachant que je ne suis pas la seule mais que seule une voix collective peut être entendue, je vous invite à signer cette pétition et à la partager.
Je compte la transmettre au Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé, ainsi qu'aux médias nationnaux.
Halte aux stages étudiants abusifs.