Au cours de notre jeunesse, on nous apprend à soutenir la veuve et l’orphelin. On nous éduque pour soutenir celui qui n’a plus rien, ceux qui sont dans le besoin. Il y a le plus faible qu’on se doit de sauver, soutenir et choyer. Cela remonte au moyen âge et à l’assiette qu’on était supposé laisser aux plus démunis pour retrouver du réconfort autour d’un repas même frugal. Alors qu’on nous parle de la France forte, nous devrions regarder la France faible. On a l’impression qu’on veut l’oublier au travers de slogans qui ne disent pas leur absence d’idées. Faisons le tour…
La France faible est multiple. Il n’existe pas qu’une seule France faible, mais bien au contraire. On la trouve dans tous les espaces. Les secteurs les plus cruciaux, les plus vitaux, les simples aussi. Aussi faire ce tour de France des faiblesses serait un « plus » pour mettre les candidats face à leur responsabilité et leur devoir.
On pense évidemment à l’aspect social. On trouvera ceux qui sont stigmatisés déjà par une France qui se sent forte. On trouvera l’assisté qu’on décrit dans les discours du président. C’est forcément un fraudeur ou un profiteur, mais juste dans la pensée jalouse de ceux qui ne creusent pas trop les réalités d’un discours offensif et démagogue. L’assisté souvent rêverait de payer des impôts. Personne n’aime vivre avec un RSA ou une allocation chômage. Personne n’aime rester chez lui en attendant le passeport pour l’insertion ou l’emploi. La France des précaires c’est donc environ 4 millions de personnes. Et ce sont des dommages collatéraux pour l’hexagone. Cela se répercute sur la santé de ceux qui doivent compter après le 15 de chaque mois. Cela se traduit par des situations dantesques pour le logement. On débouche donc sur l’insécurité et une forme de ghettoïsation de la misère dans des quartiers-dortoirs qu’on oublie.
La France faible est celle qui soufre dans sa culture. C’est ainsi que l’éducation nationale s’effrite peu à peu devant le désengagement de dispositifs de plus en plus axés sur des notions de rendements purs. Rien de tel pour déséquilibrer l’avenir d’un pays. Les classes deviennent bondées, les professeurs sont de moins en moins nombreux et totalement aigris en raison de leur impuissance. La France faible c’est cela… un bilan de 10 ans de gouvernance libérale.
La France faible c’est aussi la France qui décline. On le voit chaque jour. Les chercheurs de notre pays n’ont plus d’avenir. On trouvera ces gens dont la formation coûte au minimum 150000 euros finir par devenir caissiers, professeurs des écoles pour juste vivre. Une masse de ces cerveaux préférera s’exiler outre-Atlantique pour éviter un système sous-financé. Là, encore, la France faible peut avoir son bac+8 et ne trouver aucun avenir dans l’organigramme prévu par une vision décomplexée de la société.
La France faible est celle de la santé. Elle aura vu la longue déchéance d’un univers hospitalier asphyxié. Ici il faudra réduire le déficit de la sécurité sociale. Là, il faudra ponctionner dans le salaire des petites professions d’infirmières.Là, encore, on essaiera de diminuer d’un jour ou deux la durée d’une convalescence… enfin, on finira par fliquer les assurés sociaux pour de mauvaises raisons. La France faible n’arrive pas à se soigner sauf à prix d’or pour le bonheur de firmes… on sait d’ailleurs les désagréments qui en découlent… à savoir la déliquescence éthique conduisant à Médiator…
La France faible est celle aussi qu’on oublie. Il s’agit de ceux qu’on évite de citer pendant la présidentielle. On pense à ces aidants sacrifiés et les patients Alzheimer que la société a décidé de zapper. 500000 personnes en souffrance et dont le sort est sacrifié sur l’hôtel des discours « d’amour » et de « France forte ». Cette dernière France doit être encore plus désemparée, car son avenir est court et si précaire qu’elle ne verra pas forcément la fin du prochain quinquennat.
La France faible c’est un peu tout cela. Elle veut de l’avenir et des solutions. Elle aimerait connaître l’amour dont certains parlent. Elle aimerait juste avoir la force de survivre…
La "France forte" serait celle qui prendrait "la faible" dans ses bras. Mais voir cela serait pareil à un rêve… de gauche.