Frédéric Lebel est devenu incontournable dans tout ce qui touche l’Armagnac. Son premier ouvrage « l’Esprit de l’Armagnac » est devenu d’ailleurs une référence dès sa sortie en 1998. Dans la meme veine, il vient de publier une nouvelle édition, ajoutant quelques pages d’expériences supplémentaires, de trouvailles, élaguant quelques spiritueux depuis disparus. Des remaniements toujours très précis et venant à point pour permettre aux experts et aux profanes de s’informer.

Derrière un homme fort accessible et aimable se cache un œil d’expert et un puit de culture. Lors de ma première rencontre autour d’un verre bu avec modération, évidemment d’Armagnac, j’ai pu savourer sa connaissance de l’art. Impressionnant, captivant, ce petit homme qui timidement à ses 16 ans avait reçu une première gorgée d’Armagnac des mains de son père s’est forgé une expertise, une vraie nottoriété. Il en garde la simplicité des grands. Du temps a passé depuis cette rencontre originale. J’ai donc parcouru la nouvelle édition de « l’Esprit de l’Armagnac » est une sorte de chef d’œuvre comme on a plutôt l’habitude d’en voir dans les travaux des compagnons du devoir voire quelques artisans de haut vols qui frolent souvent l’art créatif. Vous savez ceux qui font un tour de France d’un métier avant de se lancer dans un tache titannesque.
Loin d’appartenir à ces courants de metier, il le regrette peut etre, Frédéric Lebel apporte sa contribution qui s’avère aussi abouti d’une voute de cathédrale, tant la matière viticole, artisanale, locale a été travaillée, digérée, goutée et malaxée jusqu’à une forme de perfection livresque. Oui, l’ouvrage fait le tour d’un monde de l’Armagnac. Pour cela, Lebel a passé des week end entier sur la traces des saveurs, des producteurs, des orfèvres de la profession. Consciencieux, appliqué, et méthodique, en passionné, il a réfléchi sur chaque illustration, chaque page a été judicieusement pensé et créé menant ainsi une histoire viticole dans son ensemble vers une symbolique des saveurs et du travail bien fait. Il en découle une harmonie d’un monde qu’il a su vraiment dimensionner.
Au travers des chapitres, on peut donc apprivoiser un monde méconnu et pourtant si proche. Il y a ces photos qui semblent impregner notre regard en un clin d’œil, une atmosphère chaude à la manière de certaines teintes d’Armagnac. Il y a les lieux, les cartographies des chets, des chateaux, des domaines. Il y a aussi les saveurs si bien décrites et qui montrent un labeur de l’auteur très précis… ici , c’est un gout de figue qui vous émoustillera, là ce sera de la mangue ailleurs encore il y aura un capiton gustatif provençal qui partira dans un mouvement evanescent, glissant sur le palais… plus de 80 saveurs détectées par Lebel.
Vous minimisez le travail de l’auteur parce qu’il doit « etre du coin »… et bien non, cet expert est né pas loin d’Arras. L’humour de ce fabuleux spécialiste va jusqu’à rappeler que Dartagnan bien que gascon et imbibé des racines de l’Armagnac a mené des campagnes dans les contrées du nord de la France dont Lebel est originaire. Or, l’histoire a aussi de l’humour car parmis les mousquetaires qui se sont battu dans le Nord et l’un d’entre eux aurait très bien etre lié à lignée « Lebel ». Personne ne le sait précisément mais Lebel défend l’Armagnac à la manière d’un « vrai gascon ».
L’ouvrage est donc remanié et incontournable… une vraie leçon de passion, pour passionnés, pour curieux, pour amateurs d’histoire, amoureux de terroirs et d’ « identité culinaire ». Un vrai road book culturel...