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Billet de blog 8 février 2023

Nucléaire - Ippon pour Jouanno contre le gouvernement ! Tous et toutes à Tours le 16 février 2023

« Ippon » est le score le plus élevé qu’un combattant puisse obtenir lors d’une compétition d’arts martiaux japonais. Le 18 janvier 2023, c’est bien un ippon que la karatéka, ministre des Sports sous le gouvernement Fillon et actuelle présidente de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), Chantal Jouanno, a infligé au gouvernement avec l’aide de Michel Badré. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Ippon » est le score le plus élevé qu’un combattant puisse obtenir lors d’une compétition d’arts martiaux japonais. Le 18 janvier 2023, c’est bien un ippon que la karatéka, ministre des Sports sous le gouvernement Fillon et actuelle présidente de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), Chantal Jouanno, a infligé au gouvernement avec l’aide de Michel Badré – diplômé de l’École nationale des eaux et forêts, ex-président de l’Autorité environnementale et actuel président de la Commission Particulière du Débat Public (CPDP) consacrée à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.

Dans un communiqué de presse, iels ont, en effet, fait savoir que, selon eux, le gouvernement considère le débat en cours « sans intérêt pour définir la stratégie énergétique » française.

Pour nous, il n’y a aucun doute : le fait que deux hauts fonctionnaires chargés de l’organisation du débat public dénoncent le peu d’intérêt que le gouvernement y porte est une confirmation que le nucléaire – civil et militaire – est incompatible avec la démocratie. En revanche, nous ne doutons pas de la sincérité de Jouanno et Badré.

À juste titre, le 26 octobre 2022, Badré a déclaré qu’« il n’y a jamais eu de débat public sur la place du nucléaire en France ». Il signifiait par là qu’il avait la conviction que le débat dont il a la charge allait être la première vraie concertation démocratique sur le nucléaire en France. Cette conviction découle du fait que, durant l’été 2023, le Parlement, dans le cadre du vote de la loi énergie-climat, sera amené à fixer les niveaux de production d’énergie. En fonction de ces niveaux, la construction de nouveaux réacteurs électronucléaires, annoncée par Emmanuel Macron, sera avalisée ou pas. Badré pouvait donc annoncer que le débat se déroulait bien avant que la décision ne soit prise et qu’ainsi sa fonction d’éclairer les parlementaires avant le vote serait dûment remplie.

Depuis le début de ce débat, nous avons dit, écrit et même manifesté notre profond désaccord avec cette vision des choses. Selon nous, ce débat n’est que de façade. Pour preuves : en 2013 déjà, ceux qui avaient la charge du débat public sur l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse) ont fini par critiquer la manière dont il était prévu ; le 7 novembre 2022 – soit pendant que se déroule le débat public sur les nouveaux réacteurs –, le gouvernement a adopté un décret accélérant les procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires ; le 8 novembre 2022, pendant l’un des débats organisés par la CNDP, Mme Mourlon, directrice de la section énergie de la Direction générale de l’Énergie et du Climat – représentante pour l’occasion du gouvernement – a déclaré que la relance du nucléaire était déjà actée alors même que venaient d’être présentés des scénarios de sortie du nucléaire par la société Réseau de Transport d’Électricité (RTE) exerçant une mission de service public (à 49mn10s). L’ensemble de ces alertes n’ont pas fait douter Badré et Jouanno sur l’utilité du débat dont ils ont la charge.

Le 26 octobre 2022, le Réseau Sortir du nucléaire et Greenpeace France ont alerté la CNDP sur les graves manquements du débat en cours mais c’est, finalement, l’action même du gouvernement qui a fait changer la CNDP d’avis. Le 17 janvier 2023, la Ministre de la Transition énergétique a donné un avis favorable à un amendement qui propose la suppression de l’objectif de réduction à 50 % de la part du nucléaire dans le mix électrique à horizon 2035. Cela revient à acter la construction de nouveaux réacteurs avant que le débat ne se termine et avant même que la future loi énergie-climat ne soit soumise au parlement. Le lendemain, Jouanno et Badré écrivaient que ce débat était « sans intérêt » pour le gouvernement. Ippon ! Le 24 janvier, le Réseau Sortir du nucléaire et Greenpeace France enfonçaient le clou en claquant la porte du débat public.

Nous sommes heureux que Jouanno et Badré rejoignent aujourd’hui notre constat. C’est la raison pour laquelle nous les convions à demander avec nous un moratoire sur la relance du nucléaire en France. C’est, en effet, à cette seule condition qu’une vraie concertation sereine, démocratique et populaire sur le nucléaire pourra avoir lieu. Nous sommes convaincus qu’à l’issue d’un tel débat, seuls les nucléocrates continueront à défendre cette énergie ultra polluante, dangereuse, capitaliste, extractiviste, consumériste et anti-démocratique. À notre tour, faisons ippon au nucléaire en manifestant le 16 février à Tours, lieu du prochain débat.

Le collectif de mobilisation du 16 février 2023 à Tours

Retrouvez l’appel ici 

Nota bene : Après la rédaction de notre tribune, nous découvrons que la CNDP a décidé d’annuler le débat du 7 février « en raison des évolutions législatives amorcées par le vote au Sénat du projet de loi sur l’accélération des procédures nucléaires, des annonces suivant le Conseil de politique nucléaire du 3 février, et des manifestations lors des séances du débat à Lille et Lyon ». Pour notre part, nous maintenons notre mobilisation le 16 février à Tours.

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