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Billet de blog 5 février 2012

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Ambassadeur de France à Ankara: "2,5 millions de Turcs ont également été tués"

Les relations entre la Turquie et la France sont tendues.  Pour cause, les événements de 1915 qui continuent à faire couler beaucoup d’encre. L’ambassadeur de France à Ankara, Laurent Bili, qui a accordé un entretien au journal Today's Zaman connaît aussi bien la Turquie que la diaspora arménienne.  

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Les relations entre la Turquie et la France sont tendues.  Pour cause, les événements de 1915 qui continuent à faire couler beaucoup d’encre. L’ambassadeur de France à Ankara, Laurent Bili, qui a accordé un entretien au journal Today's Zaman connaît aussi bien la Turquie que la diaspora arménienne.  

L'ambassadeur qui s'est exprimé sur la question a expliqué la problématique de la manière suivante: “ Les souffrances endurées dans cette région sont très grandes. Les français  ne savent pas que 2,5 millions de Turcs sont morts dans la période précédent la chute de l’empire ottoman, tandis que nous-mêmes avons perdu 1,6 million de personnes durant la Première Guerre Mondiale". Selon Bili, pour comprendre les faits, il est nécessaire de remonter aux événements qui ont lieu bien avant 1915.  L’ambassadeur rappelle que l’expulsion des Turcs hors du Caucase et des Balkans a commencé graduellement en 1878. Il soutient que sur le million de Turcs expulsés des Balkans, plus de 100 000 ont disparu.  “Pour comprendre la tragédie il faut regarder plus loin que 1915“ a-t-il ajouté.  

Afin d’améliorer les relations arméno-turques,  Bili  a proposé que les Arméniens de France visitent la Turquie. Il s’est exprimé ainsi : "Je voudrais inviter les Arméniens de France à visiter la Turquie. La Turquie à énormément changé, ils ne le savent pas. Je voudrais leur présenter cette nouvelle Turquie. Nous les diplomates, Peut-être n’avons-nous pas travaillé assez dur, pour rendre compte des changements. Nous avons fait semblant d’oublier le sujet mais cela n’a pas été possible. Au lieu d’essayer d’oublier il vaut mieux tenter de trouver un moyen de rapprocher la Turquie de la diaspora arménienne."  Étant donné que Bili a été conseiller du précédent président, Jacques Chirac, il a appris énormément sur le Caucase. Le diplomate français a invité les Arméniens de France à visiter la Turquie et à rencontrer un Turc’, disant qu’il est grand temps de résoudre ce problème.

Le diplomate français a aussi exprimé ses préoccupations concernant le poste qu'il occupe actuellement en  se demandant s'il y sera reconduit. "La  proposition de loi est peut-être inopportune, mais elle ne devrait pas engendrer des réactions à ce point extrêmes" a-t-il dit. Bili a ajouté:

" Il faut que les plaies ouvertes en 1915 se referment. Il faut renforcer le dialogue."

L'atmosphère politique a beaucoup changé

En poste en Turquie de 1995 à 1999, il a été secrétaire puis conseiller à l’Ambassade. Bili s’est ainsi exprimé sur les changements qu’il a constaté en Turquie au cours de ses 12 dernières années.  L'ambassadeur déclare que la Turquie s'est particulièrement enrichie entre 2006 et 2011.  Bili note  que les changements les plus remarquables ont été réalisés dans l’atmosphère politique et dans une liberté d’expression accrue.

"İl n'y a pas de Kurdes en Turquie." Le diplomate français se souvient de ces paroles prononcées par un fonctionnaire du ministère turc des affaires étrangères en 1992.   Bili a dit : “ Ces mots sont la preuve que la Turquie peut aujourd’hui discuter librement de tout, de la question Kurde en particulier. “cela nous a surpris parce qu’il y avait de la violence dans le sud-est à l’époque,“ a ajouté Bili. Il en a été de même avec la laïcité a ajouté Bili. “Dans le passé, la laïcité était perçue en Turquie comme une opposition à la religion et l’opinion.  C’était également le cas en France“. Disant qu'il ya des similitudes entre la laïcité française et turque, Bili a noté que la laïcité en 1990 est similaire à ce qu’elle était en France en 1905, aux temps où on le voyait comme hostile à la religion. 

Les préoccupations concernant la laïcité se sont avérées infondées

L’Ambassadeur Français a souligné le changement de l’atmosphère politique à travers un exemple : “ J'étais ici lorsque Le Parti de la Providence est arrivé au pouvoir. La tension politique était alors très présente en Turquie. Cela était dû en partie à la laïcité, mais était aussi lié au rôle joué par l’armée. Depuis 2011, la tension a quelque peu été dissipée. Le Parti de la Justice et du Développement (AKP) est un parti ayant une culture de gouvernements poussés et une forte capacité à diriger. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, la tension a diminuée. Une démocratie normale a émergé en Turquie. En France, c'est en 1981 que les Socialistes sont arrivés au pouvoir pour la première fois. A ce moment là, l’idée que la démocratie pourrait être érodée si les communistes arrivaient au pouvoir prévalait en France. Lorsque les socialistes sont arrivés au pouvoir, Cette idée s’est avérée être fausse". Le diplomate français a observé en Turquie un changement similaire qu’il explique de la manière suivante : “A cette époque, certains pensaient que si l’AKP arrivait au pouvoir, ce serait la fin de la laïcité. Un nouveau coup d’état aurait pu avoir lieu. Avec l'accession de L’AKP  au pouvoir, cette crainte s’est avérée infondée. Une telle idée se trouvait derrière le coup d’état post moderne de 1997".

La presse s'est diversifiée

Bili a dit: "En 1991, il y avait que la TRT. D'autres chaînes de TV ont été créées. De nouveaux journaux sont devenus populaires. Les opinions des gens ne changent que s’ils sont bien informés. La presse s’est diversifiée avec le temps. En plus des nouvelles stations de TV les anciennes chaînes sont également devenues plus nuancées. Ces nuances se sont propagées dans la sphère publique et ont favorisé l’émergence d’idées nouvelles. Les nouvelles idées ont trouvées place dans la presse turque. Même s'il est encore parfois difficile de discuter de certains sujets, il faut admettre que dans l’ensemble, par comparaison avec les années 1990, il y a beaucoup de changement. Le processus de l’UE est très important, et il peut avoir joué un rôle utile. Ce n’était pas si facile d’introduire toutes ces réformes. Le soutient de l’UE a été très efficace aussi bien au niveau politique qu’en termes économiques."

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