Article de Cüneyt Özdemir pour le journal Radikal
Depuis un certain temps, aucun attentat à la bombe n’avait été répertorié dans les métropoles turques. L’explosion dans le quartier de Sütlüce à Istanbul où 16 personnes dont 15 officiers de police ont été blessées (jeudi 01 mars 2012), a définitivement mis fin à cette accalmie. Cette transition détendue ne s‘explique certainement pas par la complaisance ou l’inertie du PKK ainsi que les différents réseaux terroristes, mais surtout par un travail méticuleux et efficace des forces de l’ordre et des renseignements généraux.
Lorsqu’on observe de plus près les agissements des réseaux terroristes dans l’élaboration d’un attentat à la bombe, on constate qu’une méthode singulière est mise en place :
La première étape consiste à conduire la personne supposée perpétrer l’attentat dans une maison isolée d’une agglomération. Ce dernier doit attendre l’arrivée d’un autre membre du réseau disposé à amener le matériel nécessaire pour la préparation de la bombe.
Les renseignements généraux surveillent de près ces deux canaux. La plupart du temps, ils choisissent d’opérer lorsque le terroriste entre en possession de la bombe. Il arrive parfois qu’ils interviennent juste avant l’opération pour attraper le malfaiteur en flagrant délit.
Bien que les Renseignements généraux (MIT) soient au courant de l’intention des terroristes avant même leur arrivée en métropole, pour l’efficacité et la recevabilité de la mission ils préfèrent intervenir à condition d’avoir des éléments tangibles pour arrêter leurs cibles. En Turquie grâce à l’action coordonnée des forces de l’ordre, de la gendarmerie et des RG (MIT), qui suivent minutieusement le déroulement des étapes des opérations terroristes. Les différentes unités de la lutte antiterroriste sont alertées et renseignées afin d’intervenir en temps voulu pour accomplir efficacement la mission.
En théorie, ce raisonnement doit être applicable à la réalisation des opérations. Or, la récente crise qui vient éclater entre la police et les RG met en lumière un différend entre les différentes institutions de la sécurité nationale. En effet, c’est la cacophonie autour de cette affaire, La Police ne tarde pas à dénoncer les RG, qui selon des officiers poursuivrait bien le PKK mais n’informerait pas les forces de l’ordre de leurs avancements. Alors que des représentes des RG rejettent catégoriquement ces accusations estimant être diffamé. La tension entre les RG et la Police s’est dernièrement illustrée lors du procès inculpant des membres du KCK (organisation urbaine du PKK). Le journal Vatan nous révélait les détails de cette crise. Le Ministère public interrogea les deux institutions sur le nombre d’opérations terroristes qu’ils avaient appréhendé avec succès. La police a affirmé être intervenue et avoir arrêté à temps pour environ 270 attentats ses dernières années, dont seulement 2 attaques aux cocktails Molotov ont été instruites par les RG. Tandis que les RG n’ont toujours formulé leur réponse au Parquet ou alors nous ne sommes pas au courant. Le contenu de la réponse est surement du type à engrener une nouvelle crise s’ébrutant jusqu’au sommet de l’État. L’attentat de Sutluce va d’une manière ou d’une autre se rapporter à cette crise entre les différents corps de l’État.
Dorénavant, après chaque attentat, on s’interrogera sur le nombre de morts et blessés, mais également sur la responsabilité des différents corps de la sécurité nationale, notamment sur leur incapacité à travailler de manière coordonnée et responsable. En d’autres termes, le film « la guerre des renseignements généraux » déchaine les passions au sommet de l’État…Or le film vient à peine de commencer.
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