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Billet de blog 13 décembre 2011

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Les Kurdes sont-ils plus en retard que les Turcs?

Au sein du gouvernement turc, combien de personnes ont réellement lu les « Accords du KCK (Union des communautés de Kurdistan, conseil administratif du PKK) » en entier ? 

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Au sein du gouvernement turc, combien de personnes ont réellement lu les « Accords du KCK (Union des communautés de Kurdistan, conseil administratif du PKK) » en entier ?

Je dois avouer que jusqu’à présent je ne m’étais pas intéressé à ces accords jusqu’à ce que je lise l’article de Taha Akyol paru dans le quotidien Milliyet.

Aucune organisation, institution ou Etat qui se veut démocratique ne peut baser son existence sur un tel texte qui s’efforce de prendre l’allure d’une Constitution.

En effet, Il s’agit d’une série d’articles édifiant le cadre d’une dictature.

Le texte débute par des considérations indépendantistes, avant de stipuler que le peuple ne respectera « qu’une seule et unique décision » celle émanant du commandement.

J’ignore ce que dois faire un Kurde qui ne pense pas de la même manière que le « commandement », il va de soi qu’une telle éventualité n’a même pas traversé l’esprit de ceux qui ont rédigé cette Constitution.

L’indépendance de la justice est totalement remise en cause, puisque Le Conseil Exécutif du KCK peut mandater le Juge du Tribunal des Libertés et est habilité à rendre des jugements.

Quant aux « Comité des Publications », il mène des activités visant à assurer l’édification d’une idéologie unique à échelle nationale.

Les Kurdes peuvent-ils accepter d’être gouvernés sur ces principes ? Souhaitent-ils réellement vivre de cette manière ?

La création d’institutions aux allures officielles telles que le commandement, ou bien des conseils et autres comités qui officialisent un discours idéologique unique, est-elle la seule solution pour mettre fin aux persécutions commises par les turcs depuis bien des années ?

Bien que nos amis du BDP (Le Parti pour la paix et la démocratie, proche du PKK) trouvent la Constitution du KCK bénéfique, les mêmes articles vont-ils être mis en avant afin de les introduire dans la nouvelle Constitution turque ?

Le « commandement » de la Turquie doit-il être assuré par des conseils et des comités ?

Doit-on investir le Conseil du pouvoir de nominer les juges et les procureurs ?

S’il est impensable d’adopter de tels articles pour notre Constitution, peux-on penser qu’elle convienne aux Kurdes ?

Pourquoi une telle Constitution, dont on sait qu’elle sera perçue comme inacceptable pour les Turcs, est-elle considérée acceptable pour les Kurdes ?

Les Kurdes n’ont-ils pas le droit à une Constitution garantissant les libertés individuelles et l’indépendance de la justice ? Une Constitution qui reprendrait les principes des institutions démocratiques ?

En rédigeant un tel texte, le PKK démontre son incapacité à analyser les mutations sociales et culturelles du peuple kurde. Un tel aveuglement du mouvement séparatiste kurde risque d’écorner sa crédibilité, et à terme de lui faire perdre son audience.

Par Ahmet Altan / Taraf

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