Les critiques du Off d'Avignon (2). Glaçant sujet d’actualité que celui des enlèvements d’enfants. Ces innocentes victimes qui souvent sont séquestrées et violentées, pour finir enfouis, sous une terre sans nom. Pourtant lieu de dénonciation, le Théâtre aborde peu ce sujet sensible qui interroge directement la nature humaine. C’est à la Présence Pasteur que la Compagnie du Théâtre du Centaure, a choisi de nous présenter Frozen de Bryony Lavory. Rhona, 10 ans, disparait brusquement sur le trajet qui devait la mener à sa grand-mère. Ses restes seront retrouvés quelques années plus tard et permettront alors de punir ce serial killer pas assez méticuleux. Au-delà de la violence physique liée au sujet, mais simplement suggérée sans perdre de son vice, cette pièce nous donne à voir le point de vue de trois personnages, trois voix qui s’entremêlent pour tenter d’avancer, de comprendre et peut être d’excuser pour pardonner. Ainsi, la mère interprétée avec brio par Marja-Leena Junker, nous dresse le portrait de cette femme anéantie par la perte de sa fille, mais désireuse de continuer à vivre, de ne pas sombrer sous le poids de ce drame. La psychiatre jouée par Sophie Langevin, apporte à la pièce un aspect clinique, une analyse de cet individu, de ce cas considéré comme anormal par la société. En quête de réponses rationnelles, elle tentera de le mettre à nu afin de mieux cerner ces obsessions. Enfin, Francesco Mormimo s’infiltre dans le corps souillé et sauvage de ce pédophile sans états d’âme. Souvent dans la suggestion, adoptant un calme alarmant, il interprète brillamment ce rôle et offre à cet animal, un visage plus humain. L’intérêt de la pièce réside alors dans l’évolution de ce pédophile qui, peu à peu, découvre qu’il est pourvu d’une conscience et d’une moralité. La bête commence à ressentir, à éprouver, et à souffrir pour les fautes qu’il a commises. Rongé par la culpabilité, l’animal ne peut endurer de pareilles sensations auparavant inconnues et préfère fuir plutôt que de subir et d’accepter son châtiment. Le parcours de ce personnage marque un tournant dans la perception des spectateurs qui se surprennent à éprouver de la compassion, face au pire et à l’irréparable.
Retrouvez-les tous les jours à 10H30 à la Présence Pasteur