Les critiques du Off d'Avignon (4). Dans un magnifique et énigmatique solo de danse, Aurélien Kairo rend hommage au poète et philosophe allemand Nietzsche. Connu notamment pour son intérêt sur la question de la distinction entre le corps et l’âme, il fut cloué dans un fauteuil roulant pendant douze années, emmuré dans une forme de folie et de mutisme, qui le poussait à formuler des propos incohérents. Etait-il vraiment fou ou aimait-il jouer au fou, est une intrigante interrogation qui subsiste encore. Quel plus beau moyen d’expression alors que celui de la danse pour exprimer l’intérieur d’un corps, toujours en effervescence, malgré une immobilité apparente. À travers des chorégraphies géométriques, s’imprégnant de mouvements hip-hop, le danseur apparaît comme un prolongement de l’esprit du philosophe. Il exprime les pensées et les envies de ce cerveau en perpétuelle ébullition. Accompagné d’un immense écran qui reflète des images de Nietzsche handicapé, Aurélien Kairo est le reflet d’une liberté imaginaire qui prolonge la vie de cet homme, abandonné par son corps, qu’il ne maitrise plus. Double ou projection d’un corps ? La symbiose entre la scène et l’écran fait naître une relation intense entre l’homme physique et son double psychique. L’esprit dansant sur une musique entrainante, le spectateur fait abstraction de son mental, qui lâche, pour se laisser aller à l’émotion de cet hymne à la vie et à la liberté.
Retrouvez ce spectacle tous les jours à 11h30 au CDC des Hivernales pendant le OFF d’Avignon