Interview de Arthur Ribeiro et André Curti, Metteurs en scène de Dos à deux 2ème acte
Il s’agit d’un deuxième acte, il y en a donc eu un premier ? Y en aura-t ’il un troisième ?
Un premier il y a quinze ans. Cette rencontre fut notre premier duo artistique à tous les deux et c’est avec ce spectacle qu’on a donné le nom à notre Compagnie Dos à Deux. Il correspond au début de notre recherche et à ce que nous avons accomplis par la suite. Il n’y en aura pas de troisième sur Dos à deux. Comme nous fêtons les quinze ans cette année, nous avons eu une proposition de répertoire en région parisienne. On nous a demandé de jouer quatre spectacles, et étant donné que nous étions sur deux nouvelles créations, on a voulu reprendre, et transmettre une œuvre très singulière par rapport à nos corps. Travailler sur la question de nouveaux interprètes. Nous sommes contents de cette transmission, de voir qu’une œuvre qui date d’il y a quinze trouve encore un écho aujourd’hui, par rapport à la thématique et à l’esthétique. Deuxième acte, car c’est une relecture de notre propre œuvre, adaptée pour d’autres corps.
Qu’avez-vous voulu mettre en valeur dans le spectacle ? Personnellement, j’ai été touchée par la relation de complicité entre les deux comédiens.
C’est la base de notre travail. Le point fondamental est l’écoute entre les comédiens, qui après, dans tous les spectacles, se retrouve à la fois dans le jeu et dans le corps. C’est davantage présent dans ce spectacle car nous travaillons sur le côté jumeau, miroir. On aborde le fait d’être à deux dans une existence, d’attendre à deux, avec un côté plus existentialiste à la Beckett, par rapport à l’attente, mais aussi à l’exclusion. Comme nous ne travaillons pas avec des mots, le corps est un dialogue, c’est un tac au tac physique !
Le corps est ici un langage à part entière, tout passe par la précision des mouvements.
Ce spectacle-là donne une ligne de dramaturgie qui nous habite depuis quinze ans. Ecrire des spectacles visuels, qui puissent toucher un très large public. Je n’ai pas peur de dire que nous faisons un théâtre populaire, sans être péjoratif. Je trouve que nous avons tout à fait notre place. Il faut travailler davantage pour conquérir le plus de public, faire un travail de recherche pour ceux qui ont une grande culture. On peut alors voir toutes les couches qu’il y a derrière, le travail, l’esthétisme. Au contraire, ceux qui n’ont pas forcément une grande culture théâtrale, peuvent entrer dans cette histoire, être émus par le fait qu’il n’y a pas de mots et qu’ils sont touchés par ce spectacle.
Vous définissez plus ce spectacle comme du Théâtre ou de la Danse ?
Vraiment comme du Théâtre. C’est la première œuvre et la dramaturgie a complétement évoluée depuis. Nous sommes plus dans un travail dramatique, un travail chorégraphié avec des numéros de danses, même si il y a un fil à suivre. C’est aussi la thématique qui engendre ça. Nous avons étudié Beckett et nous avons voulu nous en inspirer pour pouvoir faire quelque chose de libre. Les didascalies de En attendant Godot, tournent autour de « Qu’est-ce qu’on fait… ? ». Ces personnages ressemblent à ceux de la vie, on attend mais on essaye toujours de faire quelque chose pour exister, ce qui a donné un ton à la dramaturgie du spectacle. Mais si vous assistez par exemple à notre deuxième spectacle Frères de sang, vous allez avoir une évolution au sein de la narration, complétement visuelle, mais à la fois nous avons développé une pâte bien à nous. Ce côté singulier de notre travail ressort.
Quelle est votre vision du OFF d’Avignon ?
C’est un rendez-vous incontournable pour des compagnies indépendantes comme nous. Nous ne sommes pas subventionnés, nous vivons complétement de notre diffusion et ce depuis quinze ans; grâce à notre travail nous parvenons à nous maintenir, avec parfois des difficultés. Le OFF reste un endroit où on peut vendre des spectacles, rencontrer des professionnels, la Presse, le public surtout. Réunir tout à la fois reste quelque chose de singulier dans le panorama français. C’est super parce que nous avons vraiment un public qui nous suit depuis le début, c’est un rendez-vous annuel. Certain ont vu la première version en 1999 et sont encore là, avec nous, aujourd’hui.