Le K nu

Abonné·e de Mediapart

12 Billets

0 Édition

Billet de blog 13 septembre 2024

Le K nu

Abonné·e de Mediapart

Scoop : discours de politique générale du Comte Michel Barnier

Ne me demandez pas comment, où et par qui je l’ai obtenu. Vous comprendrez aisément que je dois protéger mes sources.

Le K nu

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Madame la Vicomtesse présidente de l’Assemblée des fermages, cher(e)s barons et baronnes, comtes et comtesses, marquis et marquises, représentants du tiers qui alimente les caisses du Royaume.

J’ai été chargé par le Roi de former sa nouvelle Cour à un moment où le Royaume est menacé de toutes parts. J’en ai accepté la charge et la mission, dans l’esprit de concorde qui a toujours été le mien. Je tiens tout d’abord à rendre hommage à notre peuple, paysans, commerçants, pêcheurs, lavandières, chasseurs, cueilleurs de baies sauvages, sans qui le Royaume ne pourrait tenir son rang dans un monde en perpétuel changement. La politique que je compte mener, s’adresse à eux, et j’affirme d’ores et déjà qu’ils en sentiront un progrès substantiel. Vous le savez, les comptes du Royaume ne nous permettent plus d’écarts, mais cependant, et le Roi m’a assuré de toute sa clairvoyance, il nous reste des marges de manoeuvre sur lesquelles j’ai élaboré, en collaboration avec nos nobles amis d’Amérique (1) un plan en trois étapes. La première, et j’en appelle à votre sens de la responsabilité, vise à réduire la dette du Royaume. Nous devons consentir à un effort collectif, dont j’ai pleinement mesuré les devoirs pour chacun et chacune d’entre nous. A ce titre, et je vous enjoins d’en apprécier la solidarité, l’Archiduchesse Brigitte accepte de se séparer d’une part de la vaisselle et de quelques meubles du Château de Versailles, lors d’un vide grenier qu’elle organisera dans ses jardins dès la semaine prochaine, pour renflouer les caisses. Par ailleurs, et sans attendre le rapport annuel des agences de notation, j’entends, sous contrôle du marquis Pierre de Moscovici, mettre en place rapidement un  nouveau système de contributions générales afin de dégager des moyens supplémentaires. Ainsi l’impôt de solidarité sur l’infortune (ISF) va être modifié, à la hausse, qui devrait dans les quelques mois qui suivent, traduire la volonté qui est la mienne de redistribuer aux forces vives du Royaume, le retour légitime de leurs investissements, dont elles m’ont assuré qu’elles s’engageaient, par leurs placements et leurs actes, à ce qu’ils profitent en retour au plus grand nombre. J’entends, et la Cour avec, permettre aux provinces, qui sont les piliers du Royaume, leur laisser l’initiative de desserrer l’étau administratif d’un poids trop lourd pour elles, en leur confiant tout loisir de trouver les nouvelles recettes dont elles disposent, dont les priorités devront avant tout porter sur la catégorie de celles et ceux qui ont quelque peu abusé des largesses du Royaume jusqu’alors. C’est, et vous me l’accorderez, dans la situation qui est la nôtre, l’effort nécessaire pour dégager l’avenir radieux à qui tout le monde aspire. Certes, cette disposition va demander des sacrifices, j’en suis fort conscient. Mais ils sont incontournables. L’augmentation du prix de la gabelle, des poireaux et des pommes de terre, limitée à la prochaine saison des récoltes, tout comme le doublement du quintal de blé ou des barriques de vins que doivent fournir les Provinces au Roi et à sa Cour, stimuleront une activité économique dont l’innovation et la performance seront au coeur d’un dispositif de production et de rendement dont le Royaume a besoin pour lutter contre la concurrence de ses voisins. La deuxième étape vise à réorganiser le Royaume, et le mettre en marche pour affronter les défis qui nous attendent. A ce titre je soumettrais au Roi dans les prochains jours, un décret royal qui abolira l’idée contre nature d’un enseignement public, contraire aux droits divins dont le Roi est le dépositaire. Pour des raisons d’économie et de bon sens, les Paroisses retrouveront le rôle central qu’elles exerçaient dans ce domaine auparavant, supprimé lors de l’ignoble et sanglante Révolution de 1789. A la demande du Roi, je soumettrais le plus rapidement possible à l’Assemblée des Fermages une réécriture des us et coutumes du Royaume, dans laquelle sera supprimé le droit de vote, dont il faut bien convenir, lors de ces derniers mois, qu’il a mis en péril sa stabilité. J’en ai confié la charge à une assemblée représentative de la Cour, à de respectables sujets de la noblesse et au chanoine Manuel Valls qui apportera la contribution spirituelle dont nous avons urgemment besoin. La troisième étape quant à elle, dont le Roi attend qu’elle soit mise en place rapidement, concerne le danger que représente le flux de sujets étrangers, attirés par notre grandeur, qui crée un sentiment d’insécurité pour notre peuple. A cet effet, j’ai souscris la participation active de la baronne Marine Le Pen, dont les travaux à ce sujet, il faut bien le reconnaître, sont en avance sur notre temps, qui a accepté de bonne grâce de se mettre à disposition du Roi et du Royaume.

Pour conclure, et sous l’insistance du Roi qui est fort préoccupé par la question, je vais m’atteler avec les sujets qui ont la lourde tache de porter sa parole, de faire cesser les calomnies, moqueries et insultes à son égard, portés et diffusés par une minorité de factieux qui contestent les fondements du Royaume et les droits divins du Roi. Par l’article 49.3 du code de bonne conduite, alinéa vingt six mille du respect et de la révérence, je prendrais dès demain les dispositions pour supprimer tous les journaux, parchemins alternatifs qui salissent le Roi, et engagerait immédiatement la création d’un organe d’informations dont j’assurerai personnellement le caractère pluraliste.

Madame la Vicomtesse présidente de l’Assemblée des Fermages, cher(e)s barons et baronnes, comtes et comtesses, marquis et marquises, je vous remercie d’avoir pris le temps de m’écouter. Je vous assure de ma pleine loyauté. Vive le Roi.

PS : je ne suis pas en mesure de savoir, je ne suis pas médium, ce que le tiers qui représente ceusses qui alimentent les caisses du Royaume, à savoir les moins que rien, réagiront au discours du baron Michel Barnier. Néanmoins puis-je supputer qu’ils ne resteront pas sans voix. 

(1) traduire ici dans le langage royal, le cabinet McKinsey

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.