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Billet de blog 19 septembre 2025

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Qui est radical ? Le Roi ou le peuple ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lors des manifestations de 2024 contre la réforme des retraites, nul officine officielle et médiatique n’ont pu contester l’ampleur de ses mobilisations. Empiriques, elles ont atteintes le chiffre spectaculaire de plus de trois millions de gens dans les rues. Par comparaison, celles de 2015, en action contre le projet de réforme de la retraite, déjà (sous Alain Juppé), comptaient 2,5 millions de citoyens et citoyennes opposés à sa mise en oeuvre. Sans être médaillé Fields en mathématique, je constate qu’il y a eu un changement de politique face aux contestations dans la société. Le pouvoir, notamment sous le règne de Nicolas Sarkozy, a adopté la doctrine de Margareth Tatcher (l’ex dame de fer du Royaume Uni), selon lequel ce n’est pas la rue qui commande. Tout le monde se souvient ou presque, comment elle a maté avec une violence inouïe le mouvement de grève des mineurs à l’époque. La légitimité de l’ordre institutionnelle face à la colère sociale ou politique, venait de prendre un nouveau virage autoritaire, dont on peut constater aujourd’hui qu’elle a fait école. Mieux ou pire si j’ose dire, Emmanuel Macron a combiné, et il est le premier, son mépris pour la rue et celui des institutions. S’appuyant sur le principe « qu’il y a ceux qui sont tout et ceux qui ne sont rien », et bénéficiant de l’appui de ses riches amis qui détiennent la majorité des canaux médiatiques, il a poussé le bouchon en refusant d’admettre qu’après trois défaites successives dans les urnes, et quel que soit la colère sociale, il ne cédera rien. Une des raisons pour laquelle sa côte de popularité depuis son premier mandat, est descendue au dessous du seuil de la pauvreté intellectuelle dont il est le représentant, estimant qu’il aura toujours le dernier mot. Le pari est risqué, et ne doit ses bénéfices sonnants et trébuchants pour sa caste, qu’à une répression tous azimut d’une part, et un mépris des règles démocratiques d’autre part. Posture un tantinet monarchiste ou l’absolutisme dont il se fait une règle, est d’une telle radicalité que celle que l’on reproche à ses opposants les plus déterminés, la France Insoumise entre autre et plus largement les syndicats (CGT, FSU, Sud Solidaire), les mouvements écologiques, passe selon les médias mainstream pour du terrorisme. Au point, mais ce n’est pas nouveau que chacun ou chacune de leurs représentant(e)s passent au moulinet d’une sphère médiatique (télés, radios, journaux) plus prompte à s’ériger en tribunal qu’à exercer le pourquoi de leur mission première, informer. 

A ce sujet j’ai encore en mémoire fraîche l’affrontement entre David Pujadas, alors présentateur vedette du JT de 20h sur France 2 le 21 avril 2009, avec Xavier Mathieu, délégué syndical CGT de l’usine Continental de Clairoix (qui fermera d’ailleurs définitivement début 2010). Ce dernier avec nombre de salariés s’étaient introduit dans un local de la sous-préfecture de Compiègne, et avait renversé tables, chaises et ordinateurs qui s’y trouvaient. La raison de leur colère était assez simple. Ca faisait six mois qu’ils demandaient des négociations avec leur entreprise sur le plan social qu’elle leurs imposait, sans que cette dernière daigne y répondre. Et David Pujadas d’inciter le délégué syndical à de nombreuses reprises, à condamner leur violence sur le mobilier. Xavier Mathieu eu l’outrecuidance de répondre au passeur de plats de la nouvelle aristocratie « c’est une plaisanterie », et d’exposer bien qu’il le coupa sans cesse, le pourquoi du comment de leur exaspération. Cet exemple, parmi tant d’autres, exponentiel depuis, a réduit non seulement les libertés d’expressions, les droits individuels et collectifs, mais assigné tout contrevenant ou contrevenante à l’ordre établi par le Roi, sa Cour et ses valets à reconnaître leur culpabilité dans la montée d’une soit disante radicalité (propos, actes) qui n’est en réalité qu’un droit légitime à la contestation dès lors qu’est établi très clairement un bilan des inégalités profondes dans l’hexagone. En somme une méthode qui consiste à inverser les rôles, où ceusses qui en portent entièrement la responsabilité politique, sociale et médiatique, accusent les impétrants d’oser le leur reprocher.

Tout dernièrement, et alors que la colère gronde dans le pays, après le 10 et le 18 septembre, le Roi et ses affidés continuent à ignorer les mouvements sociaux avec cet excellence qui ressemble à la Sainte Inquisition de jadis. Le rapport sénatorial récent qui a mis à jour les 211 milliards d’euros accordés aux grandes entreprises sans aucune contre partie (exemple typique d’une radicalité à sens unique au moment ou l’ex premier majordome du Royaume, François Bayrou, appelait la plèbe à mettre la main à la poche), a conforter dorénavant le peuple, dans toute sa diversité, qu’il fallait mettre un terme à ces gabegies et à ré instaurer une justice sociale digne d’un pays dont l’emblème passablement écorné, est encore celui de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du Citoyen. Et ainsi par commencer à rétablir une vérité criante : le Roi, sa Cour et ses valets sont autrement plus radicaux que le peuple.

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