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Najat,
déjà, est-ce que tu permets que je t'appelle Najat ? Je connais tes fortes convictions féministes et républicaines. Aussi, ne prends pas cet usage de ton prénom comme une marque de sexisme ou de condescendance déplacée de la part d'un blogueur qui voudrait te faire la leçon depuis sa tour d'ivoire numérique. J'aimerais qu'on se parle à cœur ouvert, entre animaux politiques que nous sommes, donc je me permettrais de t'interpeller par ton prénom tout au long de cette missive. En plus, c'est un monologue, donc je t'appelle comme je veux avant que tu n'aies la possibilité de me répondre, toute ministre de l'éducation que tu es, tu n'as pas le pouvoir de m'interrompre à l'écrit. ET BIM. En plus, j'ai tellement de trucs à te dire que je t'enverrai cette lettre en deux fois. Je te laisse déjà digérer ce premier volet et quand tu seras remise de ce choc émotionnel, tu auras droit à la deuxième partie. C'est pas génial ça ?
J'ai tenté au début d'écrire un pamphlet impersonnel et élogieux, comme je l'ai fait pour ton collègue du ministère de l'économie, mais avec toi Najat, c'est une affaire trop personnelle pour que je puisse adopter un ton formel. Trop de sentiments polluent mon jugement politique te concernant. Tout ce que je peux te dire sur moi, c'est que je ne suis pas (encore) un riche footballeur de classe mondiale.
 
    "Wech mamzelle t'as pas un 06 pour qu'on se capte après le match?"
Je t'écris aujourd'hui car j'aimerais briser la glace entre nous et pour que tu me rejoignes du bon côté de la barricade ; je t'écris pour faire la part des choses entre ce qui relève de mes affects personnels et ce qui devrait rester strictement politique. Najat, je ne te cache pas que ton statut de première maîtresse de France et de meilleure élève du gouvernement rend notre relation quelque peu délicate. Je vais tenter de t'expliquer pourquoi.
Commençons par le commencement, ce qui se voit tout de suite, à savoir, ton image. Tu es souriante, jeune, belle et rebelle insoumise face à notre société encore trop patriarcale et traversée par des rapports sociaux d'asymétrie post-coloniale. Autrement dit ton combat politique consiste à promouvoir l'égalité, face aux faits sociaux que sont le sexisme, le racisme et toutes les discriminations dégueulasses dont notre société a le secret. Ta trajectoire sociale malheureusement trop peu commune gagne à être connue : née au Maroc puis excellente élève de l'école de la République, tu fais Sciences Pipo mais tu échoues à rentrer à l'ENA. Tant mieux pour toi, c'est ce qui me fait dire qu'il reste encore un espoir pour toi, que tu n'es pas encore totalement rentrée dans le moule des femmes et hommes politiques professionnels, ceux qui ne font que se servir quand ils devraient servir le bien commun. Bon après, tu as pénétré l'appareil digestif du PS lyonnais en entrant par son collomb, et c'est là que le bât blesse, puisque dans un colon,comme le sait tout bon proctologue, ça sent parfois un peu la merde.
 
    Najat en compagnie du cancer du Collomb socialiste
Tu te bats pour des idéaux auxquels je crois sincèrement ; en tant que femme politique et ministre, ta communication et ta pé-da-go-gie est irréprochable de propreté. Comme l'est ton visage, qui devrait être si usé à force de déplacements ministériels, d'interventions sur tous les fronts médiatiques et de réponses à des gros cons sexistes et homophobes au parlement. Et en plus, tu as le temps d'avoir un mari (Boris Vallaud rime d'ailleurs avec salaud, mais à part ça je ne suis pas jaloux) et deux enfants élevés féministement dans la plus stricte parité ? Dans un mariage avec un collaborateur ministériel BCBG qui témoigne de ton intégration parfaite à notre République et de ta parfaite conciliation vie professionnelle/vie privée ? Najat, pour afficher tant de fraîcheur, d'enthousiasme 7j/7 H24, tu dois probablement être une sorte de wonder woman ou alors il faudra que tu me dises où tu achètes ton anti-cernes et comment tu parviens à prendre autant sur toi, parce que ton sourire semble indécrottable.
L'impopularité du président et du gouvernement auquel tu appartiens, les chiffres catastrophiques de l'économie, le djihad, Ebola, la crise climatique, l'abstention, Nabila en prison ? Prenez donc un comprimé de NVB, la nouvelle drogue politique et oubliez tous ces problèmes con-temporains et con-tingents. Avec toi, on parle égalité, éducation, école : de belles paroles prononcées par une femme politique magnifique, physiquement et symboliquement, luttant avec ferveur contre la réaction patriarcale traditionaliste blanche antirépublicaine, au point de se faire affubler de sobriquets mêlant élégamment anathèmes politiques et moqueries anti-féministes ou à consonance fortement douteuse quant à ce que ces sobriquets sous-tendent une vision de l'Islam de ceux qui les ont inventés : khmer rose, ayatollah du genre, talibane de l'égalité, prêtresse du gender et j'en passe et des meilleures.
Ceux et celles qui préfèrent les femmes sont amoureux de toi ; ceux et celles qui préfèrent les hommes voudraient te ressembler pour mieux leur plaire. Najat, ta fougue fait politiquement bander le petit peuple qui croit encore à ce qui reste de la République et réveille en nous une demi-molle gauchisante, sache-le. Tu as donc des responsabilités politique mais aussi une responsabilité particulière car tu es un symbole. Kundera l'avait dit avant moi : les symboles, on le sait, sont intouchables. Mais tu le sais bien, en bonne politique que tu es, il y a un MAIS dans tout ce torrent d'éloges, et ce qui compte, c'est ce qu'il y a après le mais. Je vais devoir à contrecœur, à un moment ou un autre, te critiquer, avec tout mon amour, attaquer le symbole que tu es et faire mentir Kundera.
Politiquement, ton swag est singulier et aurait bien du mal à être résumé en une seule matrice, mais je vais quand même essayer d'en proposer une approximation :
Oui, Najat, tu es un cocktail politiquement détonnant. La beauté orientale de la princesse Jasmine conjuguée à la douceur d'un petit chaton (affublé d'une rose très solférinienne, cela va sans dire) produit sur le citoyen de gauche lambda l'effet d'un anti-dépresseur quand on place des propos politiques dans ta bouche. Ce qui fait sans aucun doute de toi la plus belle supportrice des Bleus jamais captée par une caméra. Pourtant, on connaît la capacité des caméras et réalisateurs à filmer des supportrices au physique avantageux parmi le public des événements sportifs. Pas une seule ne t'arrive à l'orteil et tes orteils doivent être si b... mais je m'égare.
Nous savons que si les antidépresseurs peuvent faire du bien à court terme, il est toujours important de lire la notice de ces petits cachets qui rendent content, souriant et détendu, bref qui défoncent un peu. Ta collègue Marisol Touraine sera d'accord avec moi là-dessus, elle qui est si raisonnable et qui est si lucide sur la question des drogues : il faut faire attention aux effets secondaires des drogues et substances addictives. Et il faut savoir prendre conscience de ses propres addictions. C'est mon cas, je suis devenu dépendant à la NVB. Voilà deux ans que j'en prends quasi quotidiennement. Quand tu étais porte-parole du gouvernement, je souffrais pour toi et pour cette langue de plomb que tu étais contrainte d'adopter pour défendre les positions du gouvernement face aux couacs et qui allait si mal avec ta dentition parfaite et blanche. Quand tu étais ministre de la ville, des sports, des banlieues, des droits des femmes, de l'égalité des territoires et des trombones à coulisse, je suivais tous tes déplacements. Toutes tes interventions. Toutes tes campagnes de communication. J'ai réussi à décrocher il y a peut-être quelques jours à peine. Je t'ai presque consacré mon mémoire de fin d'études. Si tu veux le lire, je serais ravi de te l'envoyer. Si tu tombes amoureuse de moi physiquement et politiquement une fois que tu l'as lu, c'est normal, ne t'inquiète pas. J'ai l'habitude qu'on me regarde avec envie le matin.
Mais Najat, je t'aime toujours et si je t'écris aujourd'hui, c'est parce que notre relation est à la croisée des chemins : entre moi et tous ces nazes avec qui tu traînes depuis bien trop longtemps, il va falloir choisir. Et vite, surtout si tu veux devenir le Barack Obama français...
 
    Parfois j'aurais voulu être un stylo...mais on ne naît pas grille-pain, on le devient. Sinon, quelqu'un peut me dire pourquoi Michel Blanc parle au micro de l'Assemblée ?
To be continued....
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