Après la lecture, il y a peu, et aujourd'hui, aussi bien les billets que les commentaires, de " À propos d'une sortie de piste d'Antoine Prost, éminent diplômé " par Hart Hutasse et Christophe Caillaux, d'une part, " Par delà le dérapage d'Antoine Prost " par Claude Lelièvre, et donc, maintenant, "Éducation : ce que dit la polémique Antoine Prost " par Faïza Zéranala, qui évoque " un débat récent autour des valeurs de La République " dont celle de " promouvoir le travail collectif " au sein du " mal-être enseignant ". Qu'ajouter ?
N'étant pas, ni n'ayant été enseignant, au vu de certains commentaires, je me suis interrogé , puis-je donner mon point de vue. Je m'y autorise. Après tout, Antoine Prost n'est que mon cadet de quatre années; et si son éminente carrière lui permet de donner des avis, même controversés, par ses pairs, aussi éminents, pour donner le leur, moi j'ai été élève toute ma vie, et je suis persuadé de ne pas être seul.
Depuis les plus simples établissements scolaires qui s'appelaient " École Primaire ", " École Primaire Supérieure et Professionnelle ", "École des Beaux-Arts", fréquentées pour avoir un métier. La dernière classe fréquentée n'était pas surchargée; nous n'étions que huit. Huit à préparer le diplôme de dessinateur-projeteur. Donc, huit élèves, mais pas de profs. Le directeur nous donnait le sujet de la pièce à dessiner, en vue, théoriquement, de sa fabrication, et le temps pour le faire, avec, en fin d'exercice, un ingénieur retraité qui venait corriger, collectivement, -réunis autour de lui- les épreuves de chacun. Ses commentaires sur nos erreurs nous servaient tous.
En vérité, la manière dont chacun de nos profs nous a enseigné relève du savoir-faire, et nous a servi tout au long de notre vie professionnelle, jalonnée de nombreux concours. Peut-être en vue de sélectionner, mais aussi, au nom de la République, par devoir de placer chaque citoyen, à égalité, pour obtenir un emploi dans l'Administration de l'État. ( c'est ce qui se disait, alors).
À chaque épreuve de rédaction, je remerciais - virtuellement - ce prof de français, histoire-géo, économie politique (eh oui, en ce temps là) qui nous avait appris - presque de force - à savoir rédiger,- à sa manière - surtout l'introduction et la conclusion, puis le développement, bien entendu.
Une anecdote, pour en finir. Les cours , " par correspondance " ont également jalonné ma vie "d'enseigné" à concourir. C'était bien, parce que nous avions un "référent", avec lequel -il nous était possible de correspondre éventuellement, les cours aussi bien que les corrigés étant imprimés. Un jour, je lui dis, par note : "Cher Monsieur X , je suis catastrophé, je ne comprends même pas le corrigé. A mon avis, (reprenant le développement),...X.., Y..etc, ici, il devait y avoir un changement de signe.". Il me répondit, très courtoisement : " Mon cher ami, vous avez parfaitement raison, il est évident que, dans le corrigé, il y a une erreur d'imprimerie ".
L'évidence n'était pas de mon côté. Mais j'étais rassuré. Même fier. Et au fil du temps, d'une machine comptable à l'autre,- ça changeait tout le temps -, à laquelle je devais me former ou être formateur, et aujourd'hui, l'informatique qui, elle aussi, évolue sans cesse, il faut être élève toute sa vie. Avec, ou sans faute d'imprimerie. La refondation est-elle une évidence sans faute ?
Allez savoir.