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Dans une déclaration confuse, lundi, Trump avait indiqué vouloir « sauver beaucoup de gens » à Gaza, et pour ce faire les Etats-Unis allaient « mettre en place des centres alimentaires où les gens pourront entrer librement, sans limites ».
C'est dans ce contexte que son émissaire au Proche-Orient, l'investisseur immobilier Steve Witkoff, et l’ambassadeur américain en Israël, le sioniste chrétien Mike Huckabee, ont effectué hier « une visite dans la bande de Gaza ». Pas pour rencontrer des Gazaouis, mais pour visiter, sous encadrement militaire, certains centres de distribution de la « Gaza Humanitarian Foundation » (GHF).
Pour rappel, c'est fin mai que la GHF a pris la main sur le système d'aide de l'ONU et des ONG, après qu'Israël a rompu unilatéralement le cessez-le-feu en mars et instauré un blocus complet de l'enclave, qu'il a fini par lever suite à la pression « de pays amis ».
La GHF a servi à donner le change à la communauté internationale, en réintroduisant une aide alimentaire… volontairement insuffisante, tant au niveau quantitatif que nutritionnel — la BBC a enquêté sur le contenu des boîtes distribuées, pour conclure qu'il présente de graves lacunes. « Cette levée partielle ne visait pas à mettre en place le type de programme humanitaire que nous avons connu en tant qu'humanitaires au cours des dernières décennies », dit Alex de Waal, spécialiste britannique des famines : « Il s'agissait d'introduire un type de programme de rationnement qui n'est qu'un bras armé de l'armée israélienne. »
La GHF est fondation privée américaine, financée à la fois par le gouvernement américain, des groupes évangéliques et par « des gouvernements donateurs non identifiés » (dont probablement Israël, qui ne le reconnaît pas).
La GHF a remplacé les 400 sites de distribution d'aide utilisés par le précédent système par... 4 sites, gérés par des mercenaires américains. La GHF contribue à déplacer les Gazaouis vers le sud de l'enclave, et les transforme accessoirement en cibles d'un stand de tir géant pour soldats israéliens — selon l'ONU, plus de 1000 personnes ont déjà été tuées et 6500 blessées dans les files vers ces 4 centres de distribution.
L'ONU et les ONG considèrent que son système de distribution d'aide alimentaire est indigne, humiliant et dangereux. L'Union européenne qualifie la GHF de « mode de distribution dangereux, inhumain et inacceptable ». Les 25 pays qui ont appelé, début juillet, Israël à mettre fin « immédiatement » à sa « guerre », ont également dénoncé « le modèle de distribution de l'aide mis en place par le gouvernement israélien ».
Par ailleurs, la poursuite des activités de la GHF constitue un point de discorde non résolu dans les négociations indirectes, qui reprennent entre Israël et le Hamas.
Mais voilà, selon Haaretz, il semble que pour « sauver beaucoup de gens », la Maison Blanche souhaite étendre les activités de la GHF. Et que cela pourrait même impliquer d'élargir les zones d'occupation israélienne à Gaza.
Ce sur quoi les diplomaties européennes devraient donc se battre aujourd'hui, ce ne sont pas les modalités de largages aériens dangereux et peu utiles, mais le retour au système d’aide coordonné par l’ONU avant mars 2025. Et le démantèlement immédiat de la GHF.