Lettre ouverte au Président de la République, à Madame la première ministre, et à celles et ceux qui veulent voler la vie des mères isolées et des précaires de notre pays.
Le 29 septembre 2023, le gouvernement, soutenu par la droite et le silence complice de l'extrême droite, confirme sa chasse aux pauvres et durcit encore les conditions d'accès au RSA. Pour qu'ils puissent continuer de percevoir leurs indemnités, Emmanuel Macron veut imposer aux bénéficiaires du RSA la participation à des « activités » et « formations », 15 heures par semaine. Derrière la langue de bois si chère au président, entendons les dérives que cache cette loi :
Les bénéficiaires devront signer un « contrat d'engagement » avec Pôle emploi.
Les bénéficiaires risquent d'être dans l'obligation d'accepter ces 'formations' débouchant sur des métiers précaires, non pérennes, et non choisis. Les personnes ayant des compétences, des diplômes, ou de l'expérience dans un domaine devront accepter un métier qui ne leur correspond pas. Et une fois de plus, les mères isolées dont le statut est souvent très précaire, seront les plus touchées par cette réforme.
24 % des foyers allocataires du RSA sont des familles monoparentales, or on sait que les femmes y sont largement majoritaires.
Travail gratuit : le workfare à l'Américaine
L'autre menace qui plane sur les bénéficiaires est celle du bénévolat, que l'on mettra sur le compte des activités de réinsertion professionnelle. De l'esclavage moderne qui aura bien évidemment des répercussions sur l'emploi, et les travailleur.euses toujours plus surexploité.es.
Les femmes en première ligne
Là encore les femmes des familles monoparentales ont majoritairement la garde des enfants et n'ont pas de grande disponibilité pour leur recherche de travail. Elles sont obligées d'occuper les postes les plus ingrats et les moins bien payés. Cette loi va aggraver leur situation, en les précarisant davantage. C’est la légalisation du travail gratuit.
Tandis qu'elles se démènent pour subvenir aux dépenses du foyer monoparental, payer le loyer, éduquer leurs enfants, les nourrir, trouver un travail, elles devront être à la disposition de l'Etat, s'astreindre à 15h, sans contrepartie, sans aménagement, pour continuer de vivre sous un seuil de pauvreté qui ne leur permettra même plus de survivre.
Certaines ont des parcours de vie indépendants de leur volonté, touchées par des drames familiaux, en proie à des difficultés, victimes de violences conjugales, elles peuvent aussi être gravement malades, et doivent affronter la vie avec des problématiques que les nanti.es n'ont jamais éprouvées.
« Il y a ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien », (propos tenus par Emmanuel Macron lors de son discours à la station F, de Paris pour y accueillir de jeunes starts-up.)
Avide de profits, capitalisation, et marchandisation, l'État pense faire des économies avec cette réforme. Des économies sur le dos des gens pour continuer d'engraisser les riches, et financer les guerres.
-« Zéro sdf » ce fut la promesse d'Emmanuel Macron, lors de sa première campagne présidentielle, mais les mensonges envers le peuple sont des affronts de plus en plus violents, l'écart riches-pauvres se creuse, la misère s'aggrave.
Renaissance, la droite, l'extrême droite : les alliances de la honte
Enfin, derrière cette loi, l'Etat entend bien nous mener à la baguette, après le déclenchement de douze 49.3 pour passer en force, Emmanuel Macron n'a pas fini ses dérives autoritaires. Il renforce les tensions entre les couches sociales, qui rejettent la faute sur les deux grands responsables de la misère : les pauvres et les migrant.es. L'extrême droite s'est, une fois de plus, lâchement abstenue de voter cette loi. Mais cette abstention cache à peine sa stratégie de récupération politique. En attisant la haine, en précarisant les personnes les plus fragiles, en exerçant ses violences sur le peuple, la droite, et la rem favorisent volontairement l'autoritarisme et la montée de l'extrême-droite qui ne sont, rappelons-le, qu'une seule pièce de monnaie.
De la « grande cause » à la grande casse
Le Projet de la « grande cause des femmes » visant à lutter contre les VSS et la précarité n'est qu'un enfumage. Au lieu de cela , le gouvernement a mis en place une série de réformes aggravant le statut des mères isolées.
Il ne permet pas aux mères isolées et à leurs enfants de percevoir une aide financière de leur proche, sans les déduire de leur allocation. Il n'offre aucun accès facile et gratuit à la garde d'enfant pour que les mères isolées puissent être disponibles dans leur recherche de travail. La pension alimentaire ou l'ASF censées être versées pour participer aux frais de bouche, d'entretien et d'éducation des enfants, sont déjà déduites du droit au RSA et de la prime d'activité.
Stigmatisation
Les personnes visées par cette réforme, en premier lieu les mères isolées allocataires du RSA subissent humiliations et discours politiques rabaissants. La bourgeoisie, pour préserver ses nombreux privilèges, se délecte déjà de cette loi « plein emploi », et d'un gouvernement qui pense pouvoir disposer de la vie des gens les plus fragiles, les femmes en première ligne, comme bon lui semble. Tout semble prétexte à culpabiliser à presser davantage les mères qui élèvent seules leurs enfants, comme formulé par le président lui-même lors des révoltes récentes.
Nous, Mouvement des Mères Isolées, condamnons fermement cette décision injuste, violente, révoltante, qui va à l'encontre des droits fondamentaux des femmes isolées et des enfants, premières victimes de ce dispositif.
Nous, Mouvement des Mères Isolées, proposons à Emmanuel Macron quelques solutions simples, parmi des centaines :
Plutôt que de faire travailler toujours davantage les salarié.es, et plus longtemps avec une retraite imposée à partir de 64 ans, payons les femmes de manière équitable, partageons mieux le travail, réduisons le temps de travail !
Exigeons des évadés fiscaux (100 milliards d'euros/ an en France) qu'ils payent leurs impôts en France.
Taxons les multinationales multi milliardaires ! Remettez l’impôt sur la fortune !
Enfin, il faut bloquer les prix sur les produits de première nécessité et contraindre les entreprises à faire des augmentations générales des salaires. Il est temps de demander une contrepartie à tous les cadeaux que les gouvernements successifs leur ont offerts !
Nous, Mouvement des Mères Isolées, appelons toutes les victimes directes et collatérales de cette loi ''plein emploi'', et plus largement toutes les personnes refusant ce système capitaliste dangereux, les organisations féministes, tous les mouvements de gauche et les syndicats à une mobilisation générale.
Refusons d'être les esclaves de leur monde outrancier, inhumain, et mortifère.
Le Mouvement des Mères Isolées