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Billet de blog 1 décembre 2013

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Dimanche scientiste (1): Michel de Pracontal victime d'un complot scientiste mondial?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Michel de Pracontal, journaliste scientifique à Médiapart, après l'avoir été au Nouvel obs, l'Evénement du jeudi, Sciences et Vie, produit ici de nombreux articles que je lis toujours avec intérêt.

Il semble cependant que, quand les intérêts de certaines industries sont en jeu, il perde en partie sa rigueur scientifique et même journalistique. Rien que cette semaine, dans un article sur la vaccination contre le cancer du col de l'utérus et un billet de blog sur la dépublication de l'étude de GE Séralini sur les rats nourris avec le PGM NK603, il oublie de nous préciser, à nous lecteurs, quels éléments importants pour que l'on puisse élaborer notre propre opinion.

Cancer du col de l'utérus et Gardasil

Ainsi dans son article sur le Gardasil, notre journaliste se lance dans un tourbillon de chiffres sensé nous convaincre du bienfait, issus de différentes études, mais sans jamais essayer de rapprocher les données qui sont comparables. Le lecteur passe ainsi de 56% de diminution de prévalence du virus chez les jeunes filles vaccinées en 4 ans aux 435 cas d'effets indésirables en France. Comment rapprocher ces 2 chiffres? Comment se faire son opinion sur le rapport bénéfices / risques?

Pire, tout en mentionnant en passant que l'on ne connait pas la durée d'efficacité du vaccin, il certifie un succès du vaccin non pas sur la diminution constatée du nombre de cancers (puisque personne n'en a aucune idée), mais sur la diminution de la prévalence des virus traités qui sont la cause de 70% de ces cas de cancer. Voici donc un vaccin dont on ne sait pas si il prévient l'apparition de la maladie, mais qui est déclaré par notre journaliste scientifique comme un succès indéniable.

Enfin signalons que nul avis d'opposants à ce vaccin n'est mentionné alors que les communiqués des labos fabricant de ces vaccins sont abondamment cités.

Je n'ai, quant à moi, aucun avis sur l'utilité ou la dangerosité de ce vaccin, ou pour ne pas être binaire sur son bilan bénéfices/inconvénients mais force est de constater que cet article ne m'aide pas en m'en forger un.

L'article en question: http://www.mediapart.fr/journal/france/291113/non-le-gardasil-nest-pas-un-nouveau-mediator?page_article=1

L'étude de Séralini sur le NK603

Je ne vais pas revenir en détail sur les articles de M. de Pracontal lorsque cette étude est sortie, mais force est de constater qu'il en devenu quasi-hystérique. Notre journaliste scientifique s'est même cru autorisé à se transformer en journaliste d'investigation, nous dévoilant dans un long article où l'expérimentation avait eu lieu. Un grand moment du journalisme scientifique.

Dans son dernier billet de blog, M. de Pracontal ne se donne même plus la peine de donner l'apparence d'une quelconque objectivité.

La présence de Richard Goodman chez FCT, ex-directeur scientifique de Monsanto: mais il n'a pas participé à l'étude menant au retrait. Le fait que M. Goodman soit entré en 2013 après la publication de l'étude ne semble pas interpeller M. de Pracontal ne l'interpelle pas.

Faut-il croire qu’un complot de la science mondiale, vendue à l’industrie des OGM, veut à tout prix interdire toute recherche « indépendante » sur le sujet ?

Fait-il semblant de s'interroger. La réponse est lapidaire: il est permis d'en douter. M. de Pracontal tombe ici dans la grande facilité à la mode de notre temps: accuser toute opinion divergente de complotisme.

Où va le monde scientifique?

La science, pour des raisons dont le monde scientifique n'est certes pas responsable, est aujourd'hui malheureusement principalement financé par des fonds privés, par les grands groupes internationaux qui utilisent les résultats scientifiques pour faire des affaires.

Le monde scientifique est donc tributaire du monde économico-financier aussi bien pour le financement que pour une mise sur le marché rapide des résultats scientifiques. Perte d'indépendance, perte de déontologie.

Les journalistes scientifiques, tributaires du monde scientifique, n'ont d'autres choix que de tenter de le protéger.

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