Le progrès est au centre de la plupart des discours philosophiques, politiques. Qui pourrait être contre le progrès? Mais en fait, qu'entend-on par progrès? Que met-on derrière ce mot?
Il semble donc nécessaire de repartir de la définition de ce mot si souvent invoqué. Le littré nous donne comme première définition: Mouvement en avant.
Le progrès présuppose donc une direction, un sens (de l'histoire?); Déf 7 du Littré: Se dit du mouvement progressif de la civilisation, des institutions politiques. Nier le progrès. Être partisan du progrès.. Cette direction est unidimensionelle. C'est une ligne à peu près droite. On peut s'y mouvoir vers l'arrière (les réactionnaires), rester sur place (les conservateurs) ou aller de l'avant (les progressistes). On ne saurait donc définir le progrès sans préalablement définir le sens de l'histoire.
Cet avancement est aujourd'hui généralement entendu comme un avancement vers le bien (Déf 5 du Littré: Toute sorte d'augmentation, d'avancement en bien. Il fait des progrès dans ses études.) Mais il est aussi utilisé dans un sens opposé (Déf 6 du Littré: Il se dit en mauvaise part, de ce qui s'aggrave, de ce qui empire. Les progrès continuels de la maladie. )
On ne saurait donc parler de progrès sans parler de notions morales comme le bien et le mal, notions que l'on pourra mettre en rapport avec le sens de l'histoire. Ce qui est progrès pour les uns pourra donc être régression pour les autres.
On voit donc que se revendiquer du progrès, se dire progressiste n'a de sens que si l'on se réfère à un ensemble de valeurs philosophiques et morales. Il convient d'interroger toute personne ou association de personnes se définissant comme progressiste sur quelles valeurs elle se fonde pour se définir comme telle.