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Billet de blog 19 octobre 2012

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OGM: Les conditions d'évaluation du Monsanto 810

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les demandes d'autorisation de culture et/ou de commercialisation d'un OGM en Europe suivent des lignes directrices émises par la Commission Européenne. Le pétitionnaire (Monsanto pour le Mon 810) établit lui-même le dossier à partir d'analyses effectuées par des laboratoires payés directement par le pétitionnaire. Les instances européennes, n'ayant ni le temps ni le budget ni l'équipement pour mener ses propres analyses, elles s'en remettent donc à la simple lecture du dossier fourni et de la littérature scientifique sur le sujet, quand elle existe.

Dans ces conditions, il est impératif d'avoir confiance en la loyauté du pétitionnaire et que, si cette loyauté était mise en défaut, c'est le dossier entier qui devrait être rejeté. On va voir, à travers quelques exemples, qu'il n'en est rien et que les instances européennes laissent passer et même reprennent à leurs comptes des arguments fallacieux.

Note de l'auteur: ce billet a été élaboré à partir du document suivant: http://www.infogm.org/IMG/pdf/brochure_eval_web.pdf

Identification abusive entre la protéine naturelle et la protéine de Monsanto

Le Monsanto 810 a été modifié pour produire une protéine Bt, cette protéine ayant des propriétés naturelles insecticides pour la pyrale, un papillon ravageur du maïs. Dans le cas du Mon 810, le transgène codant la protéine Bt ne s'est intégré que partiellement au chromosome du maïs, ce qui a pour effet la production d'une protéine hybride, nommée CS-Cry1ab (la protéine naturelle s'appelant Cry1ab). La protéine de Monsanto tue non seulement la pyrale, mais aussi la sésamie, autre papillon parasite du maïs que la protéine naturelle ne tue pas.

 Cela montre que la protéine produite par Monsanto a bien des propriétés biologiques différentes de la protéine naturelle.

Pourtant le dossier de demande de Monsanto s'appuie sur l'utilisation sans problème sanitaire de la protéine naturelle pour justifier de l'absence de risque de sa propre protéine: « the [Cry1Ab] protein has demonstrated history of safe use ", Cry1Ab, la protéine naturelle et non celle produite par le Mon810.

Les analyses en composition

Les analyses en composition permettent de comparer divers paramètres entre le maïs transgénique et la souche de maïs dont il est issu. Bien évidement, pour que cette comparaison soit pertinente, il faut que les 2 types de maïs soient cultivés en même temps, dans des conditions aussi semblables que possibles, pour que les éventuelles différences puissent être rapportées au transgène.

Il serait donc innaceptable de comparer le résultat d'une expérience avec le résultat d'expériences antérieures. C'est pourtant ce que fait Monsanto et ce que valident les experts.

Une autre règle de base est bien sur de ne pas trier les données. Si l'on ne retient que les données qui favorisent la conclusion à laquelle on veut arriver, alors on ne peut qu'arriver à la conclusion souhaitée. C'est pourtant là encore ce que fait Monsanto sans que cela fasse broncher les experts.

En effet, le dossier du Monsanto joue sur 2 références, les intervalles publiés (qui se rapportent à une étude de 1982) et les intervalles historiques (qui se rapportent à une étude de Monsanto en 1995 sur une comparaison entre le Mon 800 (non GM) et 801 (GM).

Pour chaque paramètre, les moyennes obtenues pour le Mon 810 sont comparées avec les valeurs obtenues pour le Mon 818 (non GM). Si les différences obtenues sont significatives, Monsanto essaie alors de ne pas en tenir compte en les comparant avec les intervalles publiés ou historiques.

Conclusion


Alors que Seralini est attaqué sur d'éventuelles failles méthodologiques de son étude, on constate que Monsanto prend des libertés bien plus grandes avec la rigueur scientifique. Sans que cela n'émeuve la communauté scientifique.

Et pour cause car cette communauté scientifique n'a pas accès à ces études puisqu'elles sont protégées par le secret industriel. Seules les instances européennes peuvent les regarder. Mais il n'y a pas de contre-expertise, pas de lecture par les pairs.

N.B. : il a fallu une décision de la justice allemande pour contraindre Monsanto à remettre le dossier de demande du Monsanto

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