NOUVEAU PRET A TAUX ZERO : Pourquoi de bonnes réformes sont-elles contrées et trop souvent détournées de leur but ?
Pourquoi se retrouvent-elles ainsi vidées de leur substance ?
Je suis quelqu'un de positif et lorsque j'en vois une, même si elle n'est pas initiée et mise en œuvre par un camp dont je ne partage pas forcément toutes les idées, j'applaudis !
Mais pourquoi diantre, n'en bétonnent-ils pas ce qui est susceptible de l'empêcher d'atteindre son but ? Serait-ce parce que ses auteurs sont des naïfs ? J'ai du mal à le croire. Mais après tout, il est tellement plus simple de déceler les fragilités d'une mesure à postériori, lorsque ses failles sont exploitées et ainsi révélées par ceux qui les vident de leur substance en les dénaturant ou en les contournant.
Pas parce que ces intervenants sont des « méchants », ce serait forcer le trait et devenir trop caricatural. Plutôt parce qu'ils sont spécialisés et habiles dans l'exercice de leurs métiers, aussi simple que cela... Ce serait loin du machiavélisme dont nous avons parfois trop tendance à les créditer.
LE NOUVEAU PRET A TAUX ZERO : Cette mesure est excellente. A tout le moins pas mauvaise du tout, puisqu'elle vise à permettre à des citoyens aux revenus modestes d'accéder à la propriété. En parfaite adéquation avec le « GRENELLE de L'ENVIRONNEMENT », elle permet de surcroît d'améliorer la qualité des logements dont ils se portent acquéreurs : Plus leurs bilans énergétiques sont bons, plus la teneur de ce prêt augmente. Tout ça de façon équitable et juste, en fonction des revenus et du nombre de personne à charge de ces primo-accédants, qui plus est de résidences principales.
Que dire sinon BRAVO aux créateurs d'une si louable mesure ?
Vous allez comprendre où je veux en venir...
Il se trouve qu'au moment précis de la mise en application de cette excellente - je me répète - initiative, se trouve dans mon entourage, une jeune femme avec deux enfants dont l'une encore à charge, envisage d'acheter un petit T3. Tout les feux sont au vert. Elle vient d'obtenir sa nomination à un poste d'employée communale. Règle déjà un loyer modique en HLM, pour le montant duquel ou peu s'en faut, elle peut enfin procéder à cet achat avec une joie qu'il n'est pas utile de vous décrire. D'autant plus que sa fille est atteinte d'une Sclérose En Plaque, et ce n'est pas pour forcer le trait, le diagnostique a été posé en Octobre 2010. Ce conte n'est en rien comparable à celui de Cendrillon, il n'est que la relation d'une histoire vraie. Il n'est en aucun cas destiné à faire pleurer dans les chaumières.
Nous sommes début Février, lorsqu'elle parvient après d'âpres et courageuses négociations à trouver le bien qui fera presque leur bonheur et obtient même du vendeur une réduction substantielle du prix de vente, puis de l'agence immobilière une réduction des frais de négociation afin de ne pas dépasser ses modestes capacités de remboursement. Les taux que sa banque lui propose sont de 4,25 % TEG. Elle signe donc une demande de prêt à ce taux pour une mensualité prévue de 435 € par mois, génial.
A ce même moment, curieusement, les banques décident d'augmenter les taux des prêts immobiliers. Inquiète, elle est avertie du fait par un concurrent de son banquier, auquel elle s'est aussi adressée pour évaluer son offre : « Ils n'arriveront pas à vous proposer un tel taux ! ». Que penser ? Elle interroge donc clairement l'employée qui suit son dossier. Ce à quoi l'employée en question réponds : « Je ne pourrai plus vous regarder en face s'il nous fallait modifier ce taux ! ». Réconfortée par la spontanéité de cette réponse, la jeune mère de famille signe enfin la demande de prêt.
Un mois après tout se corse... Je ne citerai pas le nom de l'établissement bancaire avec lequel elle traite, cela pourrait être contreproductif et lui amener par ricochet quelques contrecoups dommageables. Il n'est de toute façon guère différent des autres, en cela qu'il cherche profit et rentabilité. L'adage qui prévaut en la matière est que « les affaires et les sentiments ne font pas bon ménage » et même si ce n'est pas très chouette, personne ne l'ignore.
Appel du chef d'agence fin Février : « Votre proposition de prêt a été l'objet d'une petite erreur concernant sa durée, pourriez-vous passer à l'agence ? ». Soit, nous sommes début Mars, RDV est pris et c'est, soulagée que son projet ne soit pas annulé, que Mme X - pour les besoins de la narration - signe une nouvelle demande de prêt sur le conseil de ce zélé - pour son employeur - et courtois chef d'agence.
Rentrée à son domicile, elle constate par simple comparaison avec l'ancienne demande, qu'elle a signée un document identique, mais qui révèle à l'examen plus approfondi une augmentation de TEG à 4,35 % . Donc le passage de sa mensualité à 445 € par mois ! Comme par hasard la chargée de prêt qui l'a reçue précédemment est en vacances !
S'en suivent plusieurs appels sans vindicte ni agressions verbales inutiles, un mail au siège régional de la banque en cause, la situation n'évolue pas et le temps passe... Des associations de consommateurs sont contactées, l'ADIL entre autres, qui s'avouent impuissantes. Evidemment Mme X ne cherche pas à faire valoir la maladie de sa fille par pudeur, digne, elle est ainsi. Et je défie quiconque de lui en adresser reproche ! Elle deviendrait alors comme toutes les mères une lionne... Et a les moyens de prouver ce que je relate, fidèlement aux faits.
Par le biais d'un envoi recommandé avec AR, elle tente d'annuler à un jour près cette deuxième demande de prêt, "un peu forcée", auprès de la direction de l'agence. Rien n'y fait et la situation est bloquée. Mieux elle se trouve « éventuellement » sous le coup de ne pouvoir honorer ses engagements, contractés par la signature d'un compromis de vente.
EPILOGUE : Après de « raisonnables » tractations, l'agence finit par concéder un arrangement : Le taux est abaissé à 4,29 %... Bilan : 442 € de mensualité pendant 30 ans. Son rêve, qu'elle a un temps terriblement craint de ne pouvoir réaliser, est concrétisé. Oui, vous avez raison, c'est à hurler ! Mais c'est la dure réalité et, au fonds, cette conclusion reste « acceptable ». Plutôt qu'engager une procédure longue, épuisante, destructrice et coûteuse, Mme X se résigne. Elle accepte très intelligemment se montrant exemplaire dans cette négociation.
Quand à l'employée subalterne, elle essaie certainement et y parviendra sans aucun doute, de toujours regarder Mme X dans les yeux. Pourquoi ? Parce qu'elle est aussi une victime dans cette affaire, d'une hiérarchie nébuleuse, dépersonnalisée, qui fixe, réglemente, et oublie tristement parfois, le monde est cruel, ce qu'est la parole donnée.
Le directeur d'agence est aussi un drôle de zèbre, aux dents longues. Il fera très certainement carrière, peu scrupuleux et peut-être tout aussi impuissant à réellement faire bouger les choses. Un peu veule certainement, mais que « celui qui n'a pas pêché lui jette la première pierre... ». Ceci dit pour vous stopper dans un juste élan d'injures improductives, à l'égard de ce malheureux, qui n'est que l'exemple tristement commun d'un archétype de nos sociétés qui écrasent trop souvent l'épanouissement de l'individu.
Pour ma part, spectateur impuissant, comme à mon habitude et guère plus reluisant somme toute, je décide de m'en servir pour étayer ma thèse. Sans aucun mérite, je vous expose les faits sans passion et le plus objectivement possible.
Je vous pose une question et serait ravi qu'elle parvienne aux oreilles de nos dirigeants : Combien d'ouvrant droits à cette mesure ont eut à subir l'augmentation de ces taux ? Oh... minime, mais 0,10 % tout de même voir plus, en rien justifiés par une quelconque reprise économique qui reste encore bien hypothétique. A l'examen si ça se trouve cette augmentation modique - à l'échelle des établissements bancaires (quoique la manne est conséquente de ces petits ruisseaux !), moins du point de vue des emprunteurs (Allez deux paquets de cigarettes, culpabilisants en plus...)- n'annule pas complètement les effets bénéfiques de ce qui reste très vraisemblablement une bonne mesure.
Nous pourrions accuser notre gouvernement d'avoir augmenté la qualité de ce Nouveau Prêt à Taux Zéro pour favoriser nos banques, cela s'avérerait probablement faux.
CONCLUSION : Alors quoi ? Eh bien comme tous les petits malins de mon espèce, à postériori, c'est plus facile, je suggère à nos gouvernants de verrouiller le plus largement possible par des mesures d'accompagnement, au moins temporelles (six mois, un an) leur mise en application. Par exemple et en l'occurrence par un décret ou autre outil, interdisant pendant six mois l'augmentation des taux d'usure. Je vais aussi faire les questions et les réponses, serait-ce légal et même envisageable : Je n'en sais rien !
Mais rappeler à ces banques que la collectivité aida en son temps, par quelques mesures audacieuses, - à mon sens inappropriées et fort discutables, ne suis-je pas un gauchiste prétentieux ! - à sauver du désastre aurait peut-être suffit. A moins qu'elles ne se sentes assez fortes pour aller jusqu'à s'exposer aux huées du peuple. Voilà qui pourrait être productif, pédagogue et réellement positif !
HUMOUR : Oserai-je ? Je n'incrimine personne et mon propos est mesuré, tant les responsabilités sont diluées et nous appartiennent collectivement. Ce billet s'adresse évidement à "Celui dont il ne faut pas prononcer le nom..." prince du mal, qui n'est évidement personne, mais l'incarnation symbolique de nos erreurs à nous, les humains.