[Ici au quartier #3] À un signe en répond un autre

J’ai rendez-vous avec Ambrine, elle est conseillère sociale auprès des personnes relogées par le bailleur Limoges Habitat. Son service s’occupe directement de proposer des solutions de relogement aux gens des tours qui seront détruites. Au milieu de toute la tension générée par les démolitions et les déménagements, j’ai besoin de comprendre à quoi ressemble le parcours dans lequel se trouvent ces foyers.

Ces foyers concernés, malgré eux, par la destruction du quartier actuel, l’étape la plus sensible avant sa reconstruction.

Elles sont 4 à s’occuper du relogement sur le quartier. D’appartement en appartement. De foyer en foyer. Elles rencontrent les habitantes et les habitants pour leur expliquer comment se passe leur futur relogement et pour comprendre ce que chacun recherche.

Ces rencontres ponctuent les premiers mois de mon itinérance.
Elles me permettent rapidement de comprendre comment ça se passe vraiment, « le relogement ».

Voir, dans les faits, comment on leur parle, à ces habitants, ces habitantes ?
Qui leur parle ? Qu’est-ce qu’on leur demande ? Qu’est-ce qu’on leur propose ?
Que demandent-t-elles en retour ? Sont-elles satisfaites ?
Résignées ? Dépitées ? Furieuses ?
Comment part-on d’un flyer dans les boîtes aux lettres, à un rendez-vous chez eux, puis une ribambelle d’échanges pour finalement aboutir à un déménagement. Parfois dans le quartier, la plupart du temps ailleurs : quelque part dans le parc de logements proposé par le bailleur, en fonction de critères multiples, complexes, arbitraires.

Je voulais me plonger dans ces nombreuses étapes auxquelles sont confrontées les personnes touchées par ce « renouvellement urbain », invitées à des « concertations préalables » pour « dessiner ensemble » le projet de ce futur « quartier-parc unifié », doté d’une « centralité », d’un « bâtiment signal », et ainsi de suite… Car comme elles, je nage au milieu de mots aux contours abstraits, imagés, complexes, techniques… des détours linguistiques qui semblent inventés bien plus pour les spécialistes que pour les habitants et les habitantes.

Pourtant ce sont à eux qu’ils s’adressent, non ?