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Billet de blog 25 août 2025

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[Ici au quartier #5] C'était ça, la ZUP !

Extraits d'un reportage dessiné sur l'histoire de deux quartiers de la ville de Limoges, Beaubreuil et le Val de l'Aurence sud, tous deux concernés par un important projet de « renouvellement urbain ». Au fil du dessin, j'interroge l'histoire de celles et ceux qui vivent au premier plan de ces changements. Ce projet a été financé par Limoges Métropole et édité par les éditions Ouïe/Dire.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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J'ai rendez-vous avec Marcello au "Chapeau Magique", le centre social associatif historique du Val de l'Aurence sud. Il existe depuis 1988.

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Cette structure propose activités, sorties, soutien scolaire et formations aux habitants de tous les âges, à travers des dispositifs hérités de l'éducation populaire.

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Marcello y anime le "Café Senior" : un moment convivial qui propose sorties, rencontres intergénérationnelles, gym douce, goûters d'anniversaire... Une ribambelle d'activités mises en place pour contrer la solitude et lutter contre l'invisibilisation des personnes âgées.

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Au Café Senior, chacun détient son petit fragment de l'histoire du Val.

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Elle a raison, Raymonde, c'était ça la ZUP. La "Zone à Urbaniser en Priorité", avec déjà dans son nom une injonction : urbaniser pour répondre aux enjeux de l'époque. Nous sommes dans les années 60 et le maire de Limoges, Louis Longequeue, et son adjoint à l'urbanisme, Michel Klener, dressent le constat suivant : Limoges est une ville ouvrière, noircie par la fumée de son industrie céramique. Les équipements sont vétustes. Le patrimoine, hors d'âge.

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La démographie explose avec le baby-boom et l'immigration. Dans les colonnes de l'Express de l'époque, cet adjoint martèle son plan pour la ville : tout est à refaire face aux exigences nouvelles de la modernisation. La priorité sera donnée à la construction de logements sociaux, à l'expansion de la périphérie et de ses axes.

La ZUP est déclarée !

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À partir de 1961 et jusqu'en 1974, afin de fournir 15 à 20 000 logements, les travaux de constructions et d'amélioration feront le quotidien des "zupards" ou des "zupiens", selon la variété d'appellations qui fleurissent à l'époque.

Si très tôt, dès 66, certains pointent du doigt ce nom... "désignation regrettable et purement administrative"... lui préférant plus joliment "l'Aurence"... habitants et habitantes l'adoptent. Tant et si bien qu'aujourd'hui encore, la "ZUP" reste un signe d'appartenance géographique.

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L'actuel renouvellement urbain redonne un sens à ce nom : si elle ne l'a plus été pendant des dizaines d'années, la ZUP est effectivement redevenue, comme à sa naissance, une "zone à urbaniser en priorité". 

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1967-1968 : on est à la naissance du quartier.

La ZUP de l'Aurence se construit par le bas sur un versant vallonnée de l'Aurence : autour du Foyer des Jeunes Travailleurs, 500 logements avec une vue dégagée sur la campagne voisine sont créés. Cinq tours poussent. Les tours Madoumier. Quelques barres. Un groupe scolaire. Un centre commercial ouvre ses portes. 

1969 : les deux "S", dessinés par l'architecte Clément Tambuté, sortent de terre au pied du Val.

Puis ce sera autour de la "ZUP du haut" de se développer.

Ainsi se répètent les motifs de 5 tours, les bâtiments courbes et les fameuses "tours étoiles". La ZUP multiplie les audaces architecturales pour s'inscrire dans l'idée qu'on se fait alors de la modernité. On en trouve une description dans les archives : "des immeubles conçus pour s'adapter au relief et au site, dont la composition architecturale accompagne le caractère sans le heurter, harmonieusement complétée par un aménagement judicieux des espaces libres et plantations". 

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Cette époque, que tous et toutes évoquent avec nostalgie, s'étale indistinctement sur toute la période des années 70 et 80.

En 1968, la première association du quartier voit le jour : l'AVA, l'Association du Val de l'Aurence. Elle naît pour répondre aux insatisfactions générées par les conditions d'habitation des premiers immeubles. Elle comprendra par la suite de nombreuses ramifications : des commissions sport, presse, enseignement... Ici comme ailleurs, habitantes et habitants se rassemblent pour s'exprimer et améliorer leur cadre de vie. Toute cette vie est documentée dans les pages des "Échos du Val de l'Aurence", qui deviendront plus tard "le Clin d'Oeil", la gazette du quartier.

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Je ne peux m'empêcher de voir dans le Chapeau Magique le prolongement de ce souffle associatif des années 80, fait de solidarité et d'attention au quartier. Sans Marcello et sans le travail du Chapeau, difficile de rencontrer cette "mémoire" du Val. Où aurais-je pu trouver ces personnes qui, opportunément pour moi, se rassemblent chaque semaine dans cet espace ?

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