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Billet de blog 16 novembre 2020

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Gestion sanitaire VS gestion libéral

je vais essayer d’éviter de tomber dans le piège du débat sur ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas face au virus, c’est-à-dire devenir du jour au lendemain un spécialiste de l’épidémiologie ! Déjà parce que ça a l’air assez difficile à cerner, et surtout parce que cela ne me paraît pas être l’axe d’analyse à privilégier.

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    je vais essayer d’éviter de tomber dans le piège du débat sur ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas face au virus, c’est-à-dire devenir du jour au lendemain un spécialiste de l’épidémiologie ! Déjà parce que ça a l’air assez difficile à cerner, et surtout parce que cela ne me paraît pas être l’axe d’analyse à privilégier.

     En effet avec un peu de recul on pourrait se demander si la gestion, somme toute particulière, de la crise sanitaire viendrait non pas des difficultés à cerner les mesures efficaces face à un virus encore très peu connu (ce que nous serions prêts à comprendre avec indulgence, parce que la biologie c’est vachement compliqué !), mais plutôt d’une volonté de mettre en place l’idéal néo-libéral tant recherché depuis les années 1980 et ce en profitant de toutes les occasions, y compris les pires.

     Sans être un génie de la virologie, il ne paraîtrait pas déplacé, par exemple, de s’inquiéter du service de santé public, en le renforçant, en lui donnant plus de moyens, plus de personnel, plus de lits. De faire du problème sanitaire actuel un enjeu principal de l'Etat, qui devrait, par définition, être le gestionnaire de nos moyens collectifs, c’est-à-dire celui qui oriente l’argent que nous mettons en commun pour permettre à tous de mieux vivre.

     Si vivre mieux c’est apprendre à vivre avec un virus, alors la recherche devrait elle aussi être soutenue et ses moyens accrus.

    Pourtant, de manière étonnante l’argent public n’ira pas dans la Sécurité sociale, ni directement dans les hôpitaux, encore moins dans la recherche. A la place, l’argent mis en commun par les citoyens est alloué à soutenir des entreprises qui délocalisent et licencient, ce que l’on appelle communément la socialisation des pertes (et donc à transférer les fonds publics vers le privé) ou à augmenter le nombre de fonctionnaires de police ainsi que leurs armements. Je ne suis pas adepte des réponses simple ou des fausses évidences, mais j'ai beau de bonne foi chercher, je ne comprends pas en quoi aider les entreprises à licencier peut améliorer les chances de guérisons des malades, encore moins en quoi les gaz lacrymogènes nous protège de la Covid.

    Pour mieux comprendre les choix du gouvernement, étonnamment, il n’est pas nécessaire d’avoir un bon bagage en médecine, il vaut mieux avoir de petites bases en économie. Je vous propose donc un petit rappel des bases du néo-libéralisme :

     1- Déréglementer - Supprimer les restrictions imposées aux entreprises et aux employeurs - Dans la pratique, cela signifie réduire l’impôt sur les bénéfices des entreprises ou réduire la «paperasserie» ou les règles formelles auxquelles les entreprises doivent se conformer - par exemple, réduire les réglementations en matière de santé et de sécurité.

     2- Moins de protections pour les travailleurs et l'environnement - Pour les premiers, cela signifie par exemple supprimer le salaire minimum ou les contrats permanents. Cela signifie également donner aux entreprises la liberté d’embaucher de plus en plus de «travailleurs flexibles» sur des contrats à court terme.

    3- Privatisation - vente à des entreprises privées des industries détenues et gérées par l’État

    4-Réduire les impôts - pour que l'État joue moins un rôle dans l'économie

     Evidemment, ce type de gestion économique (c’est-à-dire de non-gestion) implique une plus grande pression sur les travailleurs et travailleuses. En même temps que l’argent se concentre vers les élites économiques, la population se précarise, et donc, parallèlement, le risque de révolte de celle-ci à l’encontre de ses dirigeants économiques et politiques, les susnommées élites, augmente.

     Pour pallier à cette augmentation du risque de rébellion, le néo-libéralisme doit se parer d’un n°5 :

     5- Augmentation des capacités coercitive de l'Etat et de son autoritarisme .pour protéger les élites.


     Arrivés à ce stade, ces cinq points fondamentaux, nécessaires à l’accomplissement néo-libéral devraient vous rappeler quelque chose !

     En effet depuis le début du mandat d’Emmanuel Macron, presque la totalité des réformes et lois mises en place rentrent dans une de ces cinq cases. Plus étonnant encore, cela marche aussi pour toutes les réglementations appliquées depuis et pendant le confinement. Et si la totalité de ce qui a été décidé depuis le début de la crise sanitaire profite à l’un de ces cinq points, il est donc légitime de se demander si ils ont pour réel but de répondre au problème du Covid ou s’ils ne font qu’en profiter pour permettre l’avènement de leur idéal économique !

     Dans ce monde où petit à petit l'Etat se démembre lui-même pour tout offrir aux puissances privées, il y a grosso modo trois façons de profiter de la situation.

    La première est de passer des réformes qui n’ont rien à voir avec le schmilblic en profitant d’une situation sociale dans laquelle la population ne pourra pas réagir, par exemple baisser les contraintes écologiques sur les pesticides pendant le confinement.

    La deuxième est d’utiliser la situation pour choisir des solutions qui vont dans le sens de leur idéal néo-libéral, par exemple assouplir les lois sur l’utilisation de drones de surveillance à l’encontre de sa population, ou de manière générale légitimer la surveillance et le contrôle, ou encore baisser les charges patronales et les contributions sociales. Dans ce système, entre deux solutions qui ont un impact positif sur le contrôle de l’épidémie, celle qui a en plus un impact pro néo-libéral sera toujours privilégié. Ainsi on choisira des réponses martiales plutôt que de revenir en arrière sur la destruction et la privatisation du système de santé publique.

    La troisième façon de faire est moins facile à repérer bien qu’omniprésente dans les interventions médiatiques du gouvernement : l’appel à la responsabilité personnelle. Très courante en écologie capitaliste, c’est ce que je pourrais appeler la solution « Colibriste », si chère à nos élites. En matière d’écologie par exemple il est bien plus pratique d’appeler tout le monde à faire un effort pour stopper le réchauffement climatique, plutôt que d’adopter des solutions politiques pour contraindre les entreprises et l’économie à respecter l’environnement. Dans le cas du Covid c'est à peu près la même chose, il est toujours préférable, (pour l’économie libérale), de faire appel à des solutions individuelles, plutôt qu’à des solutions faisant appel à des politiques publiques.

      Rappelons nous que la démocratie c'est sympas, et que celle-ci, contrairement a ce que l'ont essaie de plus en plus souvent de nous faire croire, n'est pas définie par son niveau de libéralisme. Mais bien par son système décisionnel (plus qu'on est pleins a participer a la décision, plus que c'est démocratique). Aujourd'hui la France est dirigée par le conseil de Défense, une version extrêmement réduite de l'état, dans la quelle quelques personnes, Toutes issue de la même classe social, et des même idéaux politiques dirigent en cachette sous couvert du secret défense. Alors prenons garde a l'avènement du Libéralisme-autoritaire (libéral sur le plan économique, sauf à protéger quelques clientèles ; autoritaire sur le plan des libertés individuelles, sauf à protéger certains intérêts particuliersi.)

Des bisous.

Bartholomew

i « Le libéralisme autoritaire ». jean-paul jean – (le monde diplomatique- octobre 1987)

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