Depuis le début de l’année 2023, le Centre LGBTI+ de Touraine subit une vague de dégradations intenses. Le centre a vu sa vitrine détruite à trois reprises, sa boîte aux lettres saccagée ainsi que de l’urine ou des crachats sur la devanture. Le 22 mai 2023 un lycéen lance un engin explosif à l’intérieur du centre où trois personnes étaient présentes. Le parquet de Tours a ouvert une enquête pour tentative d’assassinats, mais l’enquête fut requalifiée en « destructions et dégradations aggravées ». Le traitement médiatique de cette affaire pose question. La Nouvelle République, journal d’information local décrit le criminel, comme « un lycéen ‘‘brillant’’ a basculé ». Tout est fait pour ne pas accabler l’agresseur. Ce traitement est un traitement de classe et de race1. Un jeune homme non blanc, musulman issu d’un quartier populaire lançant un projectile explosif au sein dans un centre LGBT n’aurait pas eu le même traitement médiatique et la thèse de l’attaque terroriste aurait pu être envisagée. L’attaque est présentée comme une erreur, une bascule, et non comme une attaque de haine motivée par une idéologie d’extrême droite.
Le cas du centre LGBT de Tours n’est pas un cas isolé. On peut prendre comme exemple l’attaque contre le centre LGBTI+ de la Réunion où deux hommes ont été condamnés après avoir détruit le centre en y mettant le feu. De nombreuses attaques similaires ont été observées dans de nombreuses villes de France depuis le début de l’année. Mais plus généralement ce sont les agressions LGBTIphobes qui augmentent. Comme le montre le dernier rapport de SOS homophobie avec une augmentation de 27% des témoignages de transphobie entre 2022 et 2023.
L’augmentation du nombre d’agressions et d’atteintes aux droits LGBT est un bon indicateur de la montée de l’extrême droite et du fascisme. On peut citer l’exemple de la suppression des droits des personnes trans dans de nombreux États aux USA, comme au Texas ou en Floride, une augmentation de la transphobie réellement préoccupante forçant certaines personnes à fuir leur État d’origine. Ces situations montrent que les personnes trans sont les premières victimes de la montée des idées réactionnaires. Dans un pays s’auto-déterminant comme celui de la liberté, celle des personnes trans est dénigrée et criminalisée. L’exemple historique de la bibliothèque de l’institut de sexologie est un bon exemple de cette mécanisme. Fondé par Magnus Hirschfeld à Berlin elle est la plus grande accumulation de documentation sur la communauté homosexuelle et trans de l’époque. Elle fut victime du premier autodafé organisé par les nazis le 6 mai 1933 durant la campagne contre « l’esprit non allemand ».
Dix ans après le mariage pour tous, la société française n’en a pas fini avec l’homophobie et la transphobie. Le combat n’est en rien terminé et on peut sans trop de risque dire qu’il ne le sera jamais dans une société capitaliste. Comme pour les droits des femmes, les droits des homosexuels et trans sont toujours remis en question à chaque crise politique ou sociétale. Notre société fondée sur les inégalités et la domination doit préserver les discrimination pour subsister. Voilà pourquoi être homosexuel et/ou trans reste et restera toujours politique. Il y a bien plus qu’une question d’orientation sexuelle ou de genre, il y a une question de remettre en cause le système tout entier. Par notre existence nous devons nous opposer à cette société hétéronormative, sexiste, productiviste et nataliste. Je conclurais par cette citation d’un militant du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire :
« Être homosexuel c’est forcément révolutionnaire cella remet en cause complètement les valeurs morales bourgeoises qui sont le fondement de la société, la famille, la production des enfants à la chaîne... C’est tout un processus et être homosexuel c’est forcément être révolutionnaire »
Un militant du FHAR en 1970
AR en 1970