« Je n’en sais rien. Je ne juge pas. Je ne jugerai plus jamais.» Simenon, Lettre à mon juge.
Quand elle parle, elle dit « nous ». C’est un couple : son mari et elle. Deux, toujours deux. Des années ainsi à être deux, depuis leur vingt ans. Elle fut une enfant choyée, puis une épouse aimée, accompagnée dans ses travaux artistiques par un mari sensible, bienveillant. Et puis, subitement, à soixante ans, elle devient veuve. Elle vit un choc d’une violence impensable, comme la fin de l’univers. Elle est aplatie par le désespoir. Elle pense, pour la première fois, à ceux qui boivent, se droguent, ou ont recours à l’automédication. Elle les voyait avant avec « antipathie », « désapprobation ». Elle les jugeait « faibles » moralement.
Maintenant, elle est devenue une des leurs. Elle les observe dans les rues. Elle les recherche même dans les films.
Les lignes ont bougé. Elle est sensible à ces épaves, ces pauvres épaves aux destinées désespérées ; comme reliée davantage aux autres.
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