Hop, le flexible est dans le trou et l’essence coule.
L’homme de l’autre côté commence à glisser sa carte bleue dans la fente. « Oh, c’est la fin du monde, Madame ! » dit-il. « Ah ? Pourquoi ? ». « Le diesel est plus cher que l’essence, vous vous rendez compte ? » « Ah oui, mais ce n’est pas la fin du monde. Cela ne va pas durer. Et puis, la voiture, c’est peut-être un peu fini… vélo, trottinettes, patins à roulettes… » Il la regarde franchement. Vieux comme il est, il la reluque. « Il va bien falloir utiliser moins sa voiture, n’est-ce pas ? Puisqu’il y a un gros problème écologique, manifestement » ajoute-t-elle. « Vous travaillez, Madame ? » « Oui, absolument, et beaucoup même ! » Elle remet le flexible et rebouche son réservoir. Elle a un grand sourire constant malgré la fraîcheur et le vent. « Et votre mari, il travaille aussi ? » « Ah, c’est que je n’ai pas de mari, Monsieur. » Elle ouvre la porte de la voiture prête à s’y glisser. « Mais, pourquoi ? » « Les maris, c’est terriblement ennuyeux !... » Grand sourire, salut de la main et la voiture démarre.