« Malgré toutes les joies que j’ai pu connaître, je resterai jusqu’à la fin ce petit juif polonais né en France dans le drame et la misère. Un « petit chose », né sans culture qui a grandi avec peu de mots. Un autodidacte qui cache ses failles et ses manques derrière une fausse assurance et une morgue de surface. » Georges Kiejman, Vanessa Schneider L’homme qui voulait être aimé.
Valérie Zenatti, Dans le faisceau des vivants, à propos d’Aharon Appelfeld : « il ôtait les oripeaux sociaux, le statut ou le pouvoir de la personne qui était en face de lui ne l’intéressaient pas, il savait que ce sont des attributs qui se perdent, il avait été témoin de la chute de tant d’hommes qui se pensaient en sécurité, protégés par les diplômes, le savoir, la reconnaissance, l’argent, et qui avaient été broyés comme les autres, comme les pauvres, comme les ignorants, honnêtes ou malhonnêtes, compatissants ou égoïstes, ils avaient tous été humiliés, meurtris ou réduits en poussière. Ce qui l’intéressait était la part irréductible de chacun, ce que l’on ne peut arracher à l’homme, sa capacité ou son incapacité à aimer, ses peurs, sa jalousie, son histoire, et par-dessus tout, il s’adressait à l’enfant qu’il avait en face de lui, c’est ainsi que j’ai vu des journalistes en apparence rompus à l’exercice se mettre à sangloter après l’avoir interviewé. Et lorsqu’il ne trouvait pas l’enfant, il s’interrogeait sur la manière dont il s’était enfui. Qui l’avait chassé, et dans quelles circonstances ? »
« Il continuait à trotter menu, à sourire.
-Puis-je vous demander, maître, quelle image vous avez de vous-même ?
Il ne réfléchit pas longtemps. Son visage, un instant, s’illumina, tandis qu’il disait, joyeux et pudique :
-Celle d’un petit garçon. » Simenon, Le petit saint (dernières lignes).
Pierre Assouline, Auto dictionnaire Simenon : « ENFANCE : En réalité, je suis resté à soixante-dix ans, le petit garçon et l’adolescent que j’ai été, et je continue à penser, à sentir, à comprendre comme un petit garçon. Je l’ai fait toute ma vie, sans m’en rendre compte, et c’est pourquoi je parle de découverte. Certes, j’ai de multiples souvenirs d’enfance, d’une précision peut-être assez exceptionnelle. Mais ce ne sont pas ces souvenirs-là qui comptent : c’est l’être que je suis resté […] A soixante-dix ans, j’agis, je pense, je me comporte comme l’enfant d’Outremeuse » ( Un homme comme un autre, février-septembre 1973)
…revenir à une de ses convictions de toujours, lui qui écrivait dès 1909 : « Au plus profond de notre être, nous restons des enfants et le resterons toute notre vie. Grattez l’adulte et vous y trouverez l’enfant. » Sandor Ferenczi dans L’enfant terrible de la psychanalyse de Benoît Peeters.