Madame Perez est une grosse et petite dame qui promène régulièrement un petit chien aux courtes jambes frêles et menues, aux poils disposés en jet d’eau sur la tête et au museau fin d’une couleur ambrée. Madame Perez a la voix qui porte alors que son petit chien n’émet aucun son ni un aboiement ni même un cri miaulé.
Madame Perez a toujours le sourire et la voix sonore avec un léger accent traduisant ses origines du sud. Bien établie sur ses jambes, les bras larges et tout bosselés, elle tient la laisse longue et fine au bout de laquelle s’agite le petit chien silencieux.
Madame Perez a toujours des paroles positives : « Oui ça va ! », « Le soleil va venir bientôt ! », « Demain, ça ira mieux ! »… Mais Madame Perez peut subitement être plus grave : quand elle parle de Monsieur Perez, elle déclare : « Ah, c’est qu’un mari, ça salit ! »
Madame Dubêt est une femme comme il faut. Elle aime à dire « une-femme-bien ». Elle a une maison proprette, fraîchement repeinte, devant laquelle des petits canards en faïence stabulent sur le perron. Chaque rebord intérieur de fenêtre offre à la vue des passants une orchidée et les objets dans la maison ont chacun une place précise fixée par Madame Dubêt. Madame Dubêt a aussi un mari dont elle dit qu’il est toujours aimable avec les autres et tyrannique avec elle. D’ailleurs, elle confie souvent à ses amies son désespoir, son aigreur de femme-mal-traitée-mais-qui-sait-se-battre… Les enfants filent doux. Madame Dubêt ne travaille pas, bien trop débordée par l’organisation de la vie domestique.
Quand Madame Dubêt entend une conversation sur une femme célibataire, fantaisiste, joyeuse, faisant une grande carrière dans la haute administration, elle déclare sur son ton haut perché de petite fille : « Elle a tout, elle a tout !... » Puis Madame Dubêt se reprend : « Non, non, non…il lui manque un mari ! »