Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
La voix est hurlante, le vouvoiement vociférant et inquisiteur. L’enfant sent son cœur et son corps se serrer. Il voudrait devenir transparent jusqu’à l’absence lui qui est déjà d’une blancheur de lait. L’encre de la plume qu’il tient si fort fait une grosse tache noire sur ses doigts. Il est terrorisé par la dureté agressive de la voix et du visage. Il n’a même pas l’idée de prier un dieu, ou le soleil, que quelqu’un vienne l’emporter loin de la folie ordinaire du maître. Il se minéralise dans la terreur.
Il suit dans le couloir ses camarades qui se dirigent vers la cantine. La porte latérale qui donne sur la rue longeant la pension est entrouverte. L’enfant dévie alors et se glisse dans l’entrebâillement, sans réfléchir vraiment. Il marche sur le trottoir et regarde les successions de bâtiments gris et ternes de la rue étroite. Ses pieds vont vite et il rattrape une dame qui pousse un landau. La rue s’ouvre sur un croisement et un parc. La dame s’assoit sur un banc et sort le petit de son nid. Il a les yeux ouverts, elle le tient contre elle et lui montre le monde. Un arbre jaune est en face d’eux. L’enfant absorbe les formes, les couleurs et les gestes d’amour. Il pleure doucement sa peine. L’arbre jaune dessine une silhouette, des arabesques aussi et des voiles. Il regarde avec intensité bouger les formes colorées. Il est bien là.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.