« J’écris ce que j’aimerais voir. J’écris ce que j’aimerais lire.
Lire qu’on souffre d’avoir aimé, d’avoir touché l’amour de si près et de vivre, après, avec des fantômes, des pensées qui mordent, qui serrent la gorge comme un étau, avec des images qui écorchent à vif et un corps qui hurle.
Lire qu’on souffre de phrases cinglantes ou anodines jetées par ceux qui pensent ne pas se débattre dans leurs paradoxes, leurs manques.
Lire qu’on souffre quand l’intelligence ne souffle pas et qu’il faut endurer les violences des mots et des regards.
Lire que l’on n’a que son propre sillon, à labourer chaque jour, seul, sans fard, avec justesse. Là où forcément le silence règne.
Lire qu’il faut peut-être se réjouir de tant souffrir-signe d’une capacité d’aimer hors du commun et d’une incapacité à mentir.
Lire qu’on écrit sans doute d’une solitude inconsolable, découverte trop tôt.
Lire qu’un jour l’horizon s’élargira »
Elle referme le livre, l’index à cette page.
Sur la mer, la pluie continue à doucement se poser.
Elle se répète ces quelques lignes d’une pensée qui résonne en elle, continuant à regarder la mer, le livre sur le cœur.