« Finalement, c’est pas facile ! »
La jeune fille découpe une bande de papier crépon. Elle est blonde, avec quelques taches de rousseur sur le nez et l’œil vif. Elle a peut-être quatorze ans. Sa mère ramasse toutes les chutes éparpillées sur la table, les chaises et le sol.
« Mais si ! Regarde, on s’en sort très bien ! » Elle déplie une guirlande.
« Je ne parle pas de ça, répond Catherine. Je parle de la vie. Je me dis que c’est pas si facile de vivre, hein ?
-Mais…mais si, voyons, mais si…
-Ouais… »
Catherine pose sa paire de ciseaux et cherche les yeux de sa mère qui baisse la tête.
« Mais, si c’était si simple, pourquoi tonton Georges, il boit tout le temps et il fume des pétards tous les jours ? Tu sais, le truc qu’il appelle « le petit pétard de la joie » ? Hein ?
-Ne dis pas de choses comme ça, Catherine ! »
La petite fixe sa mère qui a repris son ouvrage, faussement absorbée. Elle suit des yeux les vagues de papier crépon de toutes les couleurs-bandes molles de bonheur.
« Pourquoi ? Parce que c’est pas vrai ? »