Chaque année, la France s’arrête pour se souvenir. On fleurit les monuments aux morts, on parle de courage, de sacrifice, de patrie. Mais derrière les discours et les défilés, combien osent dire la vérité nue celle de ces millions de morts de 14-18, dix-neuf millions de morts et vingt et un millions de mutilés pour rien, victimes d’une guerre voulue, entretenue, et prolongée par une minorité d’oligarques et de politiciens qui n’ont jamais connu la boue, la peur, ni le sang.
Le 11 novembre 1918, à 11 heures, le canon s’est tu. Mais la paix, elle, n’a jamais été gagnée. Les poilus sont rentrés mutilés, les peuples brisés, les terres dévastées, tandis que déjà, dans les coulisses, l’Allemagne humiliée par le traité de Versailles préparait sa revanche militariste pour la résurrection de son empire par la force des canons.
La Première Guerre mondiale fut une boucherie industrielle, une mécanique d’anéantissement née des rivalités économiques et impériales. Comme l’écrivait Anatole France : "On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels." Les véritables responsables, eux, n’ont jamais été inquiétés. Les généraux décorés, les banquiers enrichis, les ministres réélus. Les morts, eux, ont eu droit à des statues. Les peuples ont pleuré, les puissants ont trinqué.
Aujourd’hui encore, on célèbre la mémoire sans en tirer la leçon. On parle d’union nationale, mais on oublie la trahison des élites, celles qui ont envoyé à la mort des générations entières au nom de leurs intérêts et du marché. La guerre n’a pas cessé, elle a simplement changé de forme, devenue économique, médiatique, climatique, sociale. Les mêmes logiques d’avidité et de domination gouvernent toujours.
Le 11 novembre devrait être un cri de colère, pas un rite silencieux. Un jour pour rappeler que la paix n’est pas un don des puissants mais une conquête des peuples. Car si les morts ont eu droit aux fleurs, les vivants ont encore le devoir de parler, pour que jamais la mémoire ne soit confisquée par ceux qui, hier comme aujourd’hui, vivent de la guerre.
Parce que la guerre, c’est l’horreur, alors je l’abhorre
Abdel Hadoudy.