leanabdel

Abonné·e de Mediapart

9 Billets

0 Édition

Billet de blog 27 octobre 2025

leanabdel

Abonné·e de Mediapart

Larcher signe la fin du Sénat et de son mode de scrutin, vestige d’un autre âge.

leanabdel

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lettre ouverte à Mr Larcher, Mesdames et Messieurs les sénateurs, 

Par la voix de Monsieur Larcher, il nous a été donné de savoir que le Sénat, peuplé de notables élus par le jeu des amitiés et des connivences, va bientôt lever la suspension de la réforme des retraites si elle est votée par l’assemblée nationale. 

Hélas, cette posture témoigne une fois encore du décalage abyssal qui existe entre cette Chambre et les aspirations véritables de la nation. 

Une chambre qui  se dresse derechef à rebours de l’opinion publique, ignore la clameur du peuple.  Une Chambre qui se croit l’écho des territoires, des départements, des municipalités, mais qui n’est plus, aujourd’hui, qu’une ombre d’elle-même, une caricature de la représentativité qu’elle se plaît à revendiquer. C’est enfin confirmé, c’est  la chambre qui n’est plus  que l’écho affadi des cénacles partisans, enfermés dans le cercle étroit de leurs convenances. 

Mesdames, Messieurs, qui accepterait encore qu'une majorité de sénateurs, issus pour la plupart des rangs de la droite, flanquée des macronistes et des socialistes, continue à régner dans ce lieu, lorsque ces mêmes partis n'ont plus rien à voir avec les préoccupations quotidiennes du peuple ? Voilà une majorité, qui, par leur indifférence et leur compromis, ne représente plus rien que des intérêts qui leur sont propres, des intérêts de clan, d’appareil, mais plus aucun intérêt populaire.

Regardez donc, cette farce du renouvellement partiel : une moitié de Sénat renouvelée, une autre moitié figée dans le passé, à contretemps du suffrage national, étrange mécanisme qui perpétue le passé au détriment du présent. Ne voyez-vous pas que cette institution, par son inertie, a fini par se détacher du peuple qu’elle prétend servir ? Votre institution survit par inertie, et non par légitimité !

Ah ! Mesdames et Messieurs, écoutez la voix du grand Gambetta, qui déjà, en son temps, mettait le doigt sur le péril : “Pourquoi faire une seconde Chambre ? Vous consulterez un jour le pays, et lorsque le pays aura répondu, lorsqu’il aura créé une Assemblée souveraine, vous voulez que cette Assemblée rencontre devant elle une autre, antérieure, supérieure, investie du droit de refaire ses lois. Contre qui prenez-vous vos précautions ? Contre la France ! Contre la démocratie ! Contre le suffrage universel !”

Monsieur Larcher, permettez-moi de vous interroger sans détour : cette chambre où vous régnez en maître, représente-t-elle encore ceux qui vous ont élus ? ou n’est-elle plus que le prolongement du bureau de votre parti, penché toujours davantage vers l’extrême droite, rappelant à chaque instant combien votre caste s’est jadis dressée contre le Tiers État au profit d’une minorité de la bourgeoisie et l’aristocratie ?

Avez-vous daigné consulter vos électeurs, Monsieur le Président ? Êtes-vous prêt à le faire, comme le veut la règle républicaine ? Et si vous vous prétendez un serviteur de l’intérêt public, seriez-vous prêt, au nom de la République, si vous êtes désavoué, à prendre congé de ce Sénat avec vos amis et à permettre au peuple de reprendre ce qui lui appartient ?

Car, qu’on se le dise, une grande majorité des grands électeurs vous désapprouve. Non par lubie, mais par indignation légitime ! Ils se dressent contre l’opulence, contre la suffisance, contre l’arrogance que vous incarnez avec vos alliés. Ces hommes et femmes du terrain, ces véritables élus du peuple, n’ont qu’un cri à faire entendre : “ abroger cette réforme des retraites, symbole d’une injustice criante et persistante, une injure à la dignité humaine”.

Monsieur le Président, je vous le dis avec gravité : tenez parole. Car, si vous ne le faites point, si vous persistez à ignorer la voix du pays, ce ne sera pas seulement la fin d’une réforme...Ce sera la fin du Sénat lui-même, et de son mode de scrutin, vestige d’un autre âge, que la République finira, tôt ou tard, par balayer. 

Mesdames et Messieurs, nous ne parlons point contre un ou une en particulier, mais contre un système, un système pourri, un système qui se croit au-dessus des lois du peuple. Un système dont le seul avenir, comme le disait déjà Sieyès, sera de “se consumer dans le flamboiement de son propre anachronisme “.

Et n’oublions pas, que la révolution n’a pas été un événement isolé, mais une bataille continue pour l’émancipation populaire. Robespierre lui même, défenseur de la pureté révolutionnaire ( que je sais vous haïssez, mais j’en profite pour faire résonner ses paroles à vos oreilles) proclamait avec force: “ Le principe de toute république, c’est la souveraineté du peuple, et quand le peuple ne commande plus, tout est perdu”

Mesdames, Messieurs, les peuples se lèveront, et alors ce sénat, figé dans l’illusion de sa grandeur, ne pourra qu’assister à son propre déclin, emporté par la justice populaire qu’il a trop longtemps ignorée

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.