Diplômée ingenieure agricole après un stage d un an dans le service agriculture de la commission de bruxelles. Quand j ai vu ou allait l agriculture, j ai décidé de ne pas collaborer à cette vision destructrice de la nature et des humains.
Je devais donc refuser toute situation de salariée et soumission hiérarchique de subordination. J ai choisi de créer une ferme bio. Sans moyens, sans soutiens de mes pairs et de ma famille qui rêvaient que je devienne une bourgeoise riche. Mes parents étaient des petits paysans qui avaient pris le virage de l agriculture productiviste et chimique.
Donc ma décision ne fut pas comprise et une longue distance s'installa jusqu aux années 1990 où on commençait à parler de ces fous ou folles diplômées qui devenaient paysans·nes et que peu à peu ma famille réalisa le pourquoi de mon choix.
Le manque de moyens fut rude, les conditions de vie très dures mais 40 ans après je suis fière de n avoir pas capitulé devant les avantages d'aller dans le sens du vent.
Nous avons ouvert la voie aux résistants d'aujourd'hui et les analyses et les idéaux que nous portions étaient justes. Nous étions des précurseurs.
J'ai 4 enfants qui n'ont pas vécu dans la richesse, mais qui ont fait des études et choisissent leurs métiers en rapport avec leur éthique politique comme leur mère. Métiers divers : paysanne bio, chercheur en biodynamie, avocat, docteure en sciences politiques
J'ai 70 ans, je suis toujours paysanne et si c était à refaire je ferais les mêmes choix.
Bravo les jeunes de bifurquer et de témoigner que le bonheur n est pas fait d'obéissance aveugle à une idéologie capitaliste. Surtout quand les conséquences prévisibles sont maintenant là. Sur les non humains et les humains.