Mon pseudo est « Tichote ».
C’était le nom que me donnait toujours Céline parce que je suis une petite bonne femme (de 53 ans maintenant) et elle devait toujours se pencher vers moi pour m’embrasser.
Il y avait une telle complicité entre nous…et pourtant Céline est partie sans me laisser un mot. Elle s’est pendue dans son petit appartement de Sallaumines le 30 août 2005, elle allait avoir 22 ans
Nous étions, elle et moi, des naufragés de la vie ; moi, après un mariage qui a duré 24 années sous la terrible loi du silence imposée par ma famille très catho pour qui le divorce n’est pas concevable, et elle, par manque d’amour d’un père qui l’humiliait sans cesse…
Lorsque mon mari m’a quittée pour une autre, il est devenu plus attentionné à son égard et elle a cru pouvoir connaître enfin ce père dont elle avait tant rêvé. Mais cette accalmie a été de courte durée et elle est tombée de très haut lorsque son père l’a reniée.
Sa chute a été si douloureuse que tout était analysé par elle comme un rejet ; ses amis qu’elle voyait de moins en moins, sa cousine qui n’a pas voulu d’elle à son mariage, rejet de l’homme qu’elle aimait et qui n’était pas prêt à ses passer « la corde au cou », les rejets à ses candidatures pour des emplois… Tout devenait douleur et mal de vivre qu’elle compensait en côtoyant des jeunes (peu recommandables à mon goût) qui se regroupaient pour boire et fumer des joints, puis elle a commencé à fumer en solitaire…
J’ai cherché du secours partout, auprès de mon fils d’abord qui était loin mais qui avait gardé un réel ascendant sur sa sœur, puis auprès de médecins, de psychologues, de psychiatres. Elle avait accepté mes conseils, elle avait accepté une hospitalisation en clinique…
Et oui, je l’ai conduite vers la clinique de l’E….. où le psychiatre qui nous avait reçu toutes deux, puis elle seule, acceptait de la prendre en charge. Quel bonheur quand au bout de deux semaines d’hospitalisation je constatais chez Céline de réels progrès : elle reprenait goût à la vie, elle supportait bien le sevrage…
Et l’ultime rejet a eu lieu le 23 août 2005 lorsque ce psychiatre, en qui j’avais mis toute ma confiance, a mis Céline dehors, par mesure disciplinaire. Quelques jours plus tard, Céline mettait fin à ses jours de la façon la plus atroce qui soit…
Voilà la bien triste histoire de mon enfant.
Chaque personne qui vit ce malaise de l’indifférence et de la solitude porte sa vie comme un calvaire insurmontable…Toutes n’en arrivent pas au suicide, Dieu merci !
Notre monde actuel est propice à tout cela.
Je veux dénoncer au travers de mon blog cette indifférence, cette inhumanité face à un fléau de notre société qui devrait préoccuper chacun d’entre nous. Pourquoi faire l’autruche ; pour se persuader que cela n’existe pas, parce que ça fait peur, parce qu’on ne veut surtout pas penser que ça peut arriver chez nous, à nos proches, à notre famille, à nos amis, à nos collègues…
Aider une personne qui va mal, c’est d’abord tenter de lui réapprendre la confiance en soi. Ne pas juger, ne pas nier surtout ! C’est pourquoi il faut chercher de l’aide, ne pas rester seul face à une situation de désespoir.