LE TRAVAIL DU COMMIS
Deux fois par jour, il me fallait nettoyer les écuries, et donner à chacune et chacun sa pitance. Une première fois à la traite du matin aux aurores avant l'école, et une autre fois à la traite du soir, dés la sortie des classes.
C'est donc à moi qu'il revenait, armé de ma brouette et de ma fourche, de prélever les fumiers et de construire ce magnifique ornement que constitue le tas monumental qui trône fièrement devant la façade principale, donnant à voir l'importance de l'exploitation en même temps qu'il constituait avec la fosse à purin sa voisine une ressource d'engrais premiers pour les parties à cultiver. Il me fallait plusieurs voyages : vaches, veaux, génisses, cochons, chevaux fournissaient une production conséquente. Après l'évacuation de toute cette matière et le nettoyage des sols avec un balai fait de branches de noisetiers, il me fallait refaire les litières en paille fraîche. Au préalable, j'avais depuis la grange donné à chacun sa ration de foin si la période le commandait et abattu la paille nécessaire depuis la grange à l’étage. Il me fallait faire des parts équitables, tenir compte du cheptel et donner à chacun ce qui lui revenait.
Les râteliers de foin, les mangeoires d'aliments divers comme les farines, le son, les pâtées, les baquets de lait aux jeunes veaux... si vous ajoutez le poulailler et le clapier, vous avez une idée des volumes transportés, tout ça manuellement. C'est un nombre incalculable de fourchées, brouettées, un boulot énorme pour un enfant de douze ans. Cette corvée bi journalière se ponctuait par l'envoi du lait à la laiterie-fromagerie. Cela aussi faisait partie de mes corvées. Deux bouilles à lait d'environ quarante litres chacune que je remettais au fromager pour la pesée inscrite sur mon carnet et contre quoi j'avais droit à une quantité de petit lait pour les cochons. Il fallait la mélanger à de la farine et ajouter les déchets de cuisine.
Tous les jours, c'était la corvée, le matin très tôt, aux environs de six heures, la journée s'ouvrait là-dessus et le soir la traite et l'entretien ne la clôturaient point, car suivant la saison il y avait nombre de besognes à accomplir
Extraits de :
Les années courte échelle
Itinéraire d'un Poulbot en Franche -Comté 1955-1964