leflamand

Abonné·e de Mediapart

36 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 novembre 2017

leflamand

Abonné·e de Mediapart

"C'est la rue qui a abattu les nazis". Jean-Luc Mélenchon. Sixième épisode.

Les manifestations collectives spontanées ou préparées se multiplient.

leflamand

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mêmes sources.
"De même que toutes les actions individuelles ne donnent pas naissance à des organisations collectives et structurées, de même les actions collectives n'émanent pas systématiquement de groupes structurés. Les manifestations collectives les plus spontanées sont la présence de la foule lors d'enterrements ou de messes dites à la mémoire d'aviateurs alliés, tombés dans la région où se déroule cette cérémonie, ou encore la commémoration des victimes des bombardements allemands. A mi-chemin entre la spontanéité et l'organisation sont les commémorations d'une date du calendrier patriotique (11 novembre par exemple) et les manifestations de ménagères. La commémoration qui s'impose en 1940, c'est moins le 14 Juillet, trop proche du choc ressenti, que le 11 Novembre qui marque la victoire sur le pays de l'occupant (...). Le 11 Novembre 1940 est ainsi l'occasion de diverses manifestations dans de nombreuses villes de la zone occupée : rassemblement à Nantes, dépôts de gerbes aux couleurs britanniques à Brest, manifestations d'étudiants et lycéens avec dépôts de gerbes à Rouen et, bien sûr, à Paris. Autant la manifestation de Rouen s'est dispersée dans le calme -complicité tacite de la police et volonté de ne rien envenimer ? -, autant celle de Paris a donné lieu à des blessés, à des arrestations et à de multiples arrestations. D'autres dates peu à peu s'ajoutèrent comme le 14 Juillet, bien sûr, le 1er Mai et le 20 Septembre, anniversaire de Valmy. L'assistance aux messes célébrées en mémoire d'aviateurs britanniques tombés sur le sol français n'est pas tout à fait de même nature. A Lanester le 30 décembre 1940 par exemple, la messe d'enterrement d'aviateurs alliés est suivie par deux mille personnes qui portent souvent un bouquet aux couleurs britanniques. Ces manifestations tolérées ne débouchent pas sur une action suivie, mais elles témoignent de l'existence d'une opinion hostile à l'occupant, favorable aux britanniques malgré Mers el-Kébir. Cette volonté d'hommage aux morts ne se déroule pas toujours aussi bien. Ainsi, lorsque les Rennais décident un an après de rendre hommage à ceux des leurs qui furent victimes d'un bombardement allemand le 17 juin 1940 (la veille de l'occupation), ils trouvent close la porte du cimetière, et un cordon de gendarmerie les empêche de pénétrer. Ils déposent alors leurs gerbes et entonnent la Marseillaise, tandis que le commandant de gendarmerie Guillaudot refuse de tirer sur eux malgré l'ordre reçu (il sera muté à Vannes deux jours plus tard, organisera l'Armée secrète dans le Morbihan et sera arrêté et déporté en  1943); certains des participants sont arrêtés et internés au camp de Chateaubriant. Là encore, malgré un début de répression, cela témoigne plus de l'attitude de l'opinion que d'un engagement à long terme et relève d'une résistance a-organisationnelle, tout comme les consignes données à la BBC par de Gaulle (pour la 1er janvier 1941 par exemple), qui sont très suivies par une foule qui agit ponctuellement et non dans une perspective à long terme. Peu à peu ces actions vont se consolider, se multiplier, mais de nouvelles formes d'actions résistantes apparaissent qui empruntent cependant parfois à des modalités de temps de paix, telle la grève des mineurs du Nord en 1941 ou encore les manifestations des ménagères contre la faim. Celles-ci commencent dès novembre 1940 en zone sud  et se poursuivent jusqu'à la fin de l'occupation voire au-delà; de 1940 à 1944, elle représentent plus de trente pour cent des manifestations de rues non autorisées et sont même majoritaires jusqu'en 1942. A l'origine ce sont des manifestations de femmes, spontanées pour certaines, soutenues par les communistes pour d'autres.

Une résistance que l'on a pu qualifier de "sauvetage" constitue une autre forme originale d'action en réponse à la persécution des Juifs. Pour les soustraire à la déportation -dont seule une minorité sait alors qu'elle conduit à l'extermination -, des résistants juifs, mais aussi parfois non-juifs, organisent pour les adultes et les enfants des réseaux clandestins de caches er des filières d'évasion pour l'étranger."

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.