L'an passé, "76 clochards célestes ou presque" est sorti, écrit par Thomas Vinau, publié par "Le castor astral" dans la collection "Curiosa & caetera", dirigée par Eric Poindron.
Ne manquez pas ce petit livre magnifique où on trouve, je cite :
"Les qui traînent leurs savates trouées
dans ce monde troué
Les qui chopent la chtouille en titillant
leurs muses
Les blessés fidèles à leurs blessures
Les qui fredonnent dans la grande nuit noire
Les tordus Les arpenteurs de la traverse
Les qui contournent Les qui survivent
Les qui hurlent
Les inconsolés qui consolent
Les de peu qui rêvent debout
Les qui résistent
Les adventices créatrices
Les qui nous rien au nez
Les qui mâchent leurs braises
Les resquilleurs du ciel
Les mavericks de la grâce
Les récalcitrants de la farce
Les vents-debouts dans la défaite
Les chats qui bécotent la souris
Les orpailleurs de misère
Les petites mains de la beauté
Les derviches déglingués
Les explosés en plein vol
Les qu'ont la tête dans les étoiles
et les deux pieds
bien dans la merde
Les qui saignent honnêtement
Les immenses moins que rien
Les clochards célestes"
On y trouve Chet Baker, Bukowski, Blaise Cendrars,Dan Fante, Daniel Darc, Michel Simonetc... Quelle équipe! Beaucoup de morts,peu de vivants,mais qui vont bientôt arriver, on n'espère pas.
Pierre Autin-Grenier - qui ".. rêve parfois d'un bistrot éternel où l'on serait chez soi; au chaud, bien enveloppé dans la musique du zinc."- devra brancher le jukeboxe sur l'Irlande. Car j'en vois un qui n'est pas dans le bouquin, mais qui a toutes les qualités requises :
Shane MacGowan.
Le chanteur-auteur-compositeur mythique et alcoolique des Pogues. Il ira dans ce bistrot là. C'est un clochard céleste.
Ses yeux aux pupilles de vieux chien, délavés par une interminable série de pintes, qui gardent l'innocence provocatrice du jeune punk (qui semble ne pas se rendre compte), ses yeux là trouveront le chemin.
Il frissonnera, tremblera avant d'entrer dans la chaleur de l'alcool, comme dans celle du concert. Sous sa voix, on perçoit l'alcool et le tabac, mais surtout l'Irlande et le rock. Mais non, dit-il, seulement "des couilles et de l'émotion".
Les inROCKS : Lorsqu’on lui demande s’il garde un souvenir précis de cette grande aventure, il répond que naturellement, au regard de son mode de vie, il ne se rappelle pas de tout – et ça vaut certainement mieux comme ça. “Mais je conserve quelques flashes quand même, ajoute-t- il. Je me souviens qu’on faisait beaucoup de concerts, qu’on enregistrait des chansons, qu’on buvait beaucoup, qu’on prenait pas mal de drogues aussi, et qu’un jour je me suis retrouvé quelque part en Irlande et qu’un type m’a demandé si par hasard je n’étais pas Shane MacGowan des Pogues. Ce jour-là, j’ai eu le sentiment d’avoir fait un truc de ma vie. Pas forcément un truc bien, juste un truc.”
Ceux qui ne connaissent pas devrait aller écouter, par exemple "Dirty old town" , on ne s'en lasse pas.