leflamand

Abonné·e de Mediapart

36 Billets

0 Édition

Billet de blog 27 octobre 2017

leflamand

Abonné·e de Mediapart

"C'est la rue qui a abattu les nazis" Jean-Luc Mélenchon. Troisième épisode.

D'autres formes d'action se développent : lacération d'affiches, sifflets lors des actualités au cinéma, graffitis, tracts et surtout journaux, qui donnent naissance à des organisations.

leflamand

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mêmes sources.

"D'autres formes d'action se développent, empruntées à la contestation de l'époque républicaine mais plus risquées en ces temps de répression : la lacération d'affiches de propagande allemande, les sifflets lors des actualités cinématographiques et des graffitis. Des actions de ce type sont surtout relevées au début du mois de juillet par les préfectures et les kommandanturen. Tant qu'aucune mesure générale n'est prise, ces mêmes actions se répètent dans différentes villes et à des dates fort diverses, principalement de juillet à octobre 1940. A chaque fois, décision est prise de projeter les actualités dans une salle demi éclairée et la ville se voit infliger une amende. Ces réactions individuelles au sein d'une masse anonyme relèvent tout à la fois de l'esprit frondeur et d'une manifestation de rejet, limitée dans ses conséquences prévisibles pour l'individu. La lacération des affiches allemandes comme les graffitis sont un peu plus le résultat d'actes réfléchis, même si la fronde et l'humour -fréquents chez tous les peuples soumis à un occupant ou à une dictature- sont à la base de ces graffitis. Ces actes sont des réactions d'humeur (...) à moins qu'un "contact" ne les conduise à aller au delà.

Les papillons et les tracts demandent un peu plus d'organisation, pourtant ils apparaissent dès la fin de l'été 1940, quelle que soit la zone. De petits groupes les confectionnent, réunis autour d'affinités politiques, syndicales, professionnelles, amicales. Il en est de même pour les premiers journaux clandestins : en zone nord comme en zone sud, ils sortent des presses dès l'automne 1940. Les journaux comme les tracts sont sur une seule feuille recto verso.La seule différence, mais notable par l'intention, est que le "journal" se donne un titre, un premier numéro, voire une devise : autant d'éléments qui sous-entendent une périodicité. Il exprime une volonté de refus de l'occupation et de rejet de l'armistice qui se concrétise par une action immédiate et régulière. Faire un journal signifie le rédiger, le taper à la machine, le reproduire puis le distribuer; autrement dit, cela suppose une véritable organisation. Tous les journaux n'ont réuni au début que quelques individus, et les numéros sont rédigés par une seule et même personne -c'est après que d'autres interviennent.. A noter que le nombre d'exemplaires en 1940-1941 reste limité. Toutefois, malgré ces faibles moyens, on assiste à la naissance d'un noyau de résistance organisée, conscient, même si aucun de ceux qui le composent ne peut prévoir la pérennité de son action. Quelques uns de ces premiers journaux ont donné naissance à une organisation de résistance, soit sous forme de mouvement, soit après transformation, sous forme d'un réseau -avec d'ailleurs de multiples appartenances. Seules les arrestations -mais plus tard- ralentirent leur activité. Dans un pays opprimé, soumis à la censure, il parut en effet important de contrer la propagande officielle en donnant d'autres informations, et de montrer que le désobéissance peut être une vertu. Enfin la diffusion permet de faire de nouvelles recrues, mais cet aspect est secondaire aux yeux des initiateurs, par rapport aux deux premiers. Les journaux clandestins peuvent être régionaux ou nationaux -ou du moins en avoir l'ambition. En région, leur sort est variable; ainsi en Bretagne, ou plutôt à Renne et ses environs, est fabriquée et distribuée "La Bretagne enchaînée", dont six numéros paraissent entre la mi-novembre 1941 et février 1942. Elle disparaît après l'arrestation de ses fondateurs. "Les Petites Ailes du Nord", en revanche, se transforment en "Petites Ailes de France" avec l'accord d'Henry Frenay, puis pour des raisons de sécurité, l'édition de la zone nord devient "Résistance" tandis que l'édition de la zone sud prend le nom de "Vérité". Ces deux exemples témoignent des difficultés de survie mais aussi des capacités potentielles de telles actions."

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.