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Billet de blog 2 juillet 2019

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No Pasaran Le Jeu.... "les faussaires sont partout"

Note d'auteur en conclusion de la trilogie No Pasaran (1996-2019)

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Illustration 1
No Pasaran Endgame

Lorsque j’ai mis la touche finale au manuscrit de « No Pasaran le Jeu », hier… c’est à dire il y a près d’un quart de siècle, je ne pouvais imaginer que ce roman, mon premier roman « jeunesse » rencontrerait un succès aussi retentissant. 400.000 exemplaires vendus en France, des traductions dans le monde entier, mais surtout toute une génération qui, à travers les pérégrinations d’Eric, Thierry, Andreas dans « Le Jeu Ultime », ce programme informatique pervers et dangereux, découvrait le thème essentiel de la responsabilité morale individuelle, à travers un parcours aux allures de montagnes russes dans la fresque sanglante de l’histoire du XXème siècle.

Libraires, professeurs de français ou d’histoire, bibliothécaires, documentalistes, furent les passeurs qui amenèrent l’Education Nationale à inscrire « No Pasaran le Jeu » dans ses recommandations. C’est ainsi que pendant des années j’ai été invité à rencontrer très régulièrement mes lecteurs dans les collèges et lycées. Leurs questions, leurs interrogations, sont d’autant plus passionnantes qu’à travers une culture commune, celle du jeu vidéo, nous abordons des sujets pour moi essentiels: l’humain, la fraternité, le mal ultime que représentent le racisme et la haine de l’autre.

Lorsqu’en 2003 la Guerre d’Irak nous fut présentée sur les écrans comme un jeu vidéo, avec ses frappes chirurgicales, ses civils pulvérisés à distance, s’est imposé à moi, contre toute attente, le besoin de revenir à mes personnages, que mes lecteurs, de rencontre en rencontre, avaient maintenu en vie, quand souvent, le roman terminé, les personnages s’effacent pour laisser place à d’autres. « No Pasaran le retour » vit le jour en 2005, et la suite et fin de la trilogie paraît aujourd’hui en poche: « No Pasaran endgame » clôt ce cycle romanesque en une plongée en parallèle dans la France vert-de-gris de 1943 où des policiers traquent des enfants et où des miliciens prêtent main forte aux nazis, et la France contemporaine, dans laquelle leurs héritiers aimeraient d’un passé encombrant faire table rase.

L’histoire ( dont à l’époque je n’aurais jamais pu imaginer le dénouement) est terminée. La boucle est bouclée. Je croyais écrire un roman adolescent sur les jeux vidéo, et je me suis retrouvé à questionner la banalisation de la violence, l’indifférence à la souffrance de l’étranger, la dédiabolisation des pires théories raciales, la montée des intégrismes.

Je parle à mes lecteurs, jeunes et moins jeunes, depuis toutes ces années, de notre commune humanité, imaginant que le message de fraternité contenu en filigrane dans cette intrigue romanesque complexe et foisonnante porterait ses fruits.

Nous sommes en 2019, les faussaires sont partout, et la haine est à son comble. Le programme d’Histoire de Terminale propose de traiter en seulement douze heures la montée des totalitarismes et la Seconde Guerre Mondiale. Des escrocs se réclament de la Résistance et se filment mimant des quenelles au-dessus de mémorials de déportés, des éditorialistes médiatiques martèlent que la France de Vichy sauvait des Juifs… Comme dans la trilogie No Pasaran, l’histoire est toujours à refaire, les combats sont toujours à mener. Le pire est toujours possible, et il nous appartient de tout faire pour l’éviter.

Christian Lehmann, Juillet 2019.

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