Couleurs mirages
Ce matin semble moins mauvais que les précédents,
Il est toujours aussi tôt, 5h30, mais le ciel semble plus clément.
Depuis des semaines, le rythme est dur à tenir,
Gris le matin, noir le soir, il croise à peine ses enfants et en oublie le son de leur rire.
Ce matin l’aurore apporte sa cohorte de couleurs chatoyantes.
Le bleu cobalt des jours prometteurs, le rose sang annonciateur d’une chaleur caressante.
Mais il sait aussi que cela peut-être aussi le bleu du bleu à l’âme, le rose des espoirs futiles.
Il ne sait plus trop, il a trop traîné ; de toute façon son patron n’est pas du genre à tolérer les rêveurs, lui ce qu’il préfère ce sont les dociles.
Ce matin est finalement comme tous les autres, ni pire ni meilleur.
Il ne se souvient plus vraiment quel jour sommes-nous, quelle importance, c’est un autre jour de labeur.
Quand il rentrera ce soir, la tête collée contre la vitre de son train de banlieue,
Il cochera dans sa tête une nouvelle case de son calendrier besogneux.
Ce matin il s’est laissé prendre au jeu de l’espoir face à ce ciel manipulateur.
Il se raisonne et se rappelle son grand-père qui lui disait à la ferme « un jour qui passe sans malheur, ça doit être ça qu’on appelle le bonheur ».
Le Horla 09/02/23