D’une couleur l’autre
Nos vies sont désormais meurtries par le bleu et le rouge.
Le bleu des jours heureux du passé,
Le rouge du feu brûlant qui consume nos étés.
D’une couleur l’autre, rien d’autre ne nous attend que la lame de la vouge.
Toutes les nuances de bleu beignaient les rêves de jadis,
Le turquoise des lagons, le ciel des matins de printemps,
Le bleu des glaces australes que faisaient scintiller le vent.
Ce marine qui s’assombrit face au péril, fruit de notre vice.
Le rouge l’emporte aujourd’hui, diluant jour après jour notre espoir du lendemain.
Le rouge qui enfièvre notre monde jusqu’à le laisser exsangue,
Le rouge des alertes qui sans cesse nous harangue.
Le rouge enfin du sang que beaucoup auront sur les mains.
Ce basculement ne s’est pourtant pas fait en un jour.
C’est peut-être pour cela que les gouttes carmin sont passées inaperçues.
Arrivé à l’équilibre, il n’aura suffi que d’une goutte de plus, d’une goutte impromptue
Pour que le monde bascule dans une fournaise où seuls survivront les implacables vautours.
12/11/2022