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Professeur de SVT, écrivain d'articles dans des revues de vulgarisation, citoyen qui s'essaie engagé

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Billet de blog 16 août 2024

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avion en illimité

Voyager en avion en illimité ça vous dit? c'est ce que propose une compagnie aérienne low cost pour environ 500 euros. Le consumérisme débridé atteint son paroxysme à l'heure où nous nous devrions pourtant avoir déjà compris les actions à mener.

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La compagnie lowcost Wizzair vous offre désormais la possibilité de voyager en illimité sur ces destinations européennes pour la modique somme d'environ 500 euros par mois!!!

Quelle aubaine! Quel vent de liberté pour les consommateurs que nous sommes! nous allons pouvoir découvrir tant de cultures, aller à la rencontre des habitants authentiques sur une place Saint Marc surpeuplée de Venise, faire des selfies hilarants de la tour de Pise en attendant son tour bien sagement ou encore s'émerveiller dans un colisée romain sous 45°!

Quelle catastrophe oui!!

Je passe rapidement sur le caractère purement marketing de l'offre qui bien sûr cache les options non comprises (enregistrement bagages, choix du siège...) et sur les dates qui ne peuvent être réservées que trois jours avant au plus tôt (encourageant ainsi un caractère pulsionnel du voyage).

Ce qui m'afflige le plus ici est l'anachronisme de cette offre. Je ne suis pas dupe, c'est du commerce, l'objectif des compagnies aériennes est de nous faire voler point à la ligne. Mais comment, en 2024, des consommateurs (des citoyens avant tout) peuvent ils considérer cela comme une bonne idée? Comment une telle offre ne peut elle pas provoquer plutôt un boycott de la compagnie?

Je suis désespéré, vraiment, de l'inéluctabilité des crises qui nous attendent. Car si refuser de voyager en illimité, ou ne pas comprendre l'ineptie d'un telle offre sont perçus comme des privations insupportables, comment réagirons nous face aux vraies menaces qui porteront, et portent déjà sur l'accès à l'eau, des températures acceptables dans les logements, des productions agricoles qui seront de plus en plus aléatoires ??

Des consommateurs y voient au contraire des opportunités supplémentaires de passer un week-end à Lisbonne ou Vienne. 

Quid de la responsabilité individuelle? Doit-on baisser les bras et se dire que de toute façon, d'autres vont le faire alors pourquoi pas nous? Que nous ne sommes qu'un petit pays face aux géants émetteurs américains et chinois ( comparaison fallacieuse face aux émissions historiques). Comment ne peut-on pas se dire que nous faisons tous partie des rouages d'un grand ensemble et que sans nous, cela s'arrête? Je pose sincèrement cette question, pas du tout de manière rhétorique.

Pour être plus direct, comment peut-on encore se foutre du dérèglement climatique?

La faible acceptabilité sociale face à des privations (car oui il faudra se priver avec des conséquences du déréglément climatique qui seront véritablement punitives, pas l'écologie)  qui n'en sont pas me terrifie. Pour un nombre finalement pas si élevé de chanceux comme nous le sommes de vivre à l'occidentale (expression choisie faute de mieux), le moindre renoncement à un mode de vie consumériste est perçu comme une privation inacceptable de libertés individuelles. 

Je mise finalement, de manière tout à fait cynique, sur l'accélération des conséquences du dérèglement climatique pour une véritable réaction commune, sans oublier que ce ne seront pas les populations les plus responsables des émissions qui seront affectées le plus violemment ni ne pourront s'adapter le plus facilement.  

PS: n'oubliez pas d'éteindre le wifi après avoir lu ce texte!

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