LeHorla (avatar)

LeHorla

Professeur de SVT, écrivain d'articles dans des revues de vulgarisation, citoyen qui s'essaie engagé

Abonné·e de Mediapart

53 Billets

0 Édition

Billet de blog 17 juin 2024

LeHorla (avatar)

LeHorla

Professeur de SVT, écrivain d'articles dans des revues de vulgarisation, citoyen qui s'essaie engagé

Abonné·e de Mediapart

le silence d'un corps

LeHorla (avatar)

LeHorla

Professeur de SVT, écrivain d'articles dans des revues de vulgarisation, citoyen qui s'essaie engagé

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le silence d’un corps

Celui qui devrait l’incarnation même de ma force intérieure et de mon plein essor,

M’abandonne, me délaisse et m’ignore.

Ma main se ferme, ma jambe s’enivre de mon impuissance et s’entête.

Je tremble. Je tremble de douleur et de cette peur de bête.


Je ne veux vivre sans corps.

C’est à lui d’obéir, de se plier à mes désirs sans le moindre effort.

Peut-être me fait-il payer mes excès.

Car c’est vrai que je l’ai toujours malmené.

Courir blessé, dormir si peu, s’écouter jamais.

Mais il avait toujours été un partenaire fidèle, répondant à mes défis, me montrant que j’étais en vie à l’excès.

Les battements de mon cœur

Les gouttes salées d’une sueur témoin de mon labeur.

Ce temps est passé.

Je tremble sans raison, ma vue se trouble et je me sens dépassé.

J’ignore, j’occulte, je feins.

J’ai longtemps refusé de lui céder un pouce de terrain.

Peu nombreux sont ceux qui ont su lire dans mon regard cette terreur que beaucoup ont pris pour de la fatigue.

J’ignore ce qui me retiens d’ouvrir mon corps aux autres, de faire céder les digues.

Serais-je moins que moi-même ?

Serais-je autre ?

Si je ne le suis pas pour les autres,

Je le serais pour moi, funeste requiem.

Être en vie c’est pousser mon corps à la souffrance,

Sentir notre dialogue, sans douter, avec assurance.

Comment se contenter d’être poussé par des proches aimants ?

Où dans leur regard une pitié inavoué se mêlerait à des regrets suintants ?

Sournoisement, les fourmillements gagnent du terrain.

Les crises, ou les épisodes comme les appellent les médecins comme s’il s’agissait d’une série au dénouement incertain,

Les crises se multiplient et le répit de plus en plus court.

Jusqu’au jour où je finirai par regretter les douleurs qui aujourd’hui me parcourent.

C’est dans le silence que mon histoire s’achèvera.

Le silence de mon corps, le silence d’un dialogue rompu avec pertes et fracas.

Le silence des autres, un silence embarrassé.

Le silence de ceux qui n’auront qu’une compassion muette à offrir avant de rentrer chez eux et de leur peur se débarrasser.

Le silence de mon être tout entier

Qui n’aura plus rien à offrir à la course d’un monde que je ne pourrai plus rattraper.

17/06/24

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.