L’alchimiste
Comme chaque matin j’enfourche ma bicyclette pour aller au travail,
Electrique, c’est un moindre mal, on essaie tous d’avoir sa médaille.
Le soleil se lève à peine et m’abreuve de ses rayons encore doux.
La vapeur sort de ma bouche et me donne l’allure du pilote d’un vieux coucou.
Les premiers froids de l’automne me saisissent me piquent les doigts,
Le vent glisse sur mes oreilles et me chuchote comme autrefois.
Les champs qui m’entourent se réchauffent et s’éveillent lentement.
Autour de moi, le monde semble en paix et me salue amicalement.
Au fils des tours de pédaliers, le décor change et paraît flétrir.
Ai-je été assez naïf pour penser que la Vie avait encore de l’avenir ?
Les champs de betteraves jaunissent comme sous l’effet d’un poison putride.
Les arbres perdent leurs feuilles qui tombent en pluie telles les victimes d’un génocide.
C’est vers notre futur que cette route me mène en réalité
Et chaque mètre arraché me montre à quel point celui-ci va se déliter.
Aveuglé par nos petites vies et les mirages de beauté qui persistent,
La Vie en sursis se réjouit du mauvais tour qu’elle prépare, c’est une alchimiste.
20/09/2022