L’asséchée
Assise au bord de la rivière de ses ancêtres,
Ses pieds fendent l’air là où l’onde fraîche caressait sa peau.
Seule la poussière aujourd’hui existe dans cette saignée où les bêtes même ne peuvent plus paître.
Les pierres sacrées du passé autrefois protégées sous les flots
Désormais affleurent et révèlent leur secret au premier venu :
« Lorsque cette pierre sera immergée la vie rependra des couleurs »
« Mais si tu me vois alors pleure ».
Depuis des semaines il ne pleut plus et les larmes n’y suffiront plus.
Son village est sa vallée sont condamnés à brûler
Par les flammes ou l’astre solaire qui n’en finit plus de briller.
Tournent alors dans sa tête les images que le monde lui apporte
De ces prés verdoyants perfusés à l’eau claire où ne poussent que des drapeaux et des balles
Que des humains sans ambages poussent dans des trous qu’ils vénèrent comme des apôtres.
Elle se demande alors ce qu’elle a bien pu faire de mal.
Craquant sous ses pas comme la croûte d’une blessure purulente,
La Terre n’ose lui dire qu’elle n’est en rien responsable de sa tourmente.
« Le malheur vient de là-bas, de là-haut » lui dit-elle.
« Et rien n’y personne n’aurait pu te préparer à ces séquelles ».
« Sont-ils devenus fous ? Qu’allons-nous boire ? »
Ils ne s’en rendront compte que trop tard malgré leurs yeux qu’ils n’auront pas su croire.
25 août 2022