J’aimerais tant voir Syracuse
J’aimerais tant voir Syracuse, l’Ile de Pâques et Kairouan.
Mais seulement, si je ne m’abuse,
Le monde ne le permet plus, ces paradis perdus ont été perdus emportés dans les cendres.
L’âge des lumières a été un âge de fausses promesses, des jeux de dupes,
L’humanisme, l’élévation, tels des aveux que l’on confesse
N’ont été que de vains espoirs déchus dès la sortie de leurs pupes.
Pourquoi s’élever contre, s’émanciper de, se grandir face à
Quand tous ces nobles combats
Ne sont vécus que comme force, domination, écrasement et fracas.
J’aimerais tant voir les jardins de Babylone et ses orangers sacrés
Alors que minuit sonne,
Sentir l’air du lointain Orient saturés de fragrances sucrées.
Mais les Hommes ont depuis longtemps tout arasé,
Par leurs pelles, leurs pioches et leur inconséquence.
J’arrive trop tard, Babylone n’est plus, emportée dans les limbes du passé.
Seules persistent les mélodies qu’on pensait oublié.
Ces mélopées tristes et douces comme les pluies d’été
Mais que l’on sait vouées à disparaître par le soleil toujours brûlant désormais.
J’aurais tant aimé voir le monde sans avoir à penser que chaque jour
Ses merveilles qui nous paraissaient éternelles
Seraient plongées dans le néant par des lumières qui,
Pour le vivant, n’auront été qu’un bref éclair avant l’obscurité.
21/12/2022